Que savons-nous ? Qui donc connaît le fond des choses ?
Le couchant rayonnait dans les nuages roses ;
C’était la fin d’un jour d’orage, et l’occident
Changeait l’ondée en flamme en son brasier ardent ;
Près d’une ornière, au bord d’une flaque de pluie,
Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ;
Grave, il songeait ; l’horreur contemplait la splendeur....
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IV
La foule tient pour vrai ce qu'invente la haine.
Sur tout grand homme un ver, le mensonge, se traîne.
Tout front ceint de rayons est d'épines mordu ;
A la lèvre d'un dieu le fiel atroce est dû ;
Tout astre a pour manteau les ténèbres infâmes.
Ecoutez. Phidias était marchand de femmes,
Socrate avait un vice auquel son nom... -
XXI
Dans ce jardin antique où les grandes allées
Passent sous les tilleuls si chastes, si voilées
Que toute fleur qui s’ouvre y semble un encensoir,
Où, marquant tous ses pas de l’aube jusqu’au soir,
L’heure met tour à tour dans les... -
XIV
La foule des vivants rit et suit sa folie,
Tantôt pour son plaisir, tantôt pour son tourment ;
Mais par les morts muets, par les morts qu’on oublie,
Moi, rêveur, je me sens regardé fixement.Ils savent que je suis l’homme des...
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IX
Le lion du midi voit venir l'ours polaire.
L'ours court droit au lion, grince, et plein de colère,
L'attaque plus grondant que l'autan nubien.
Et le lion lui dit : Imbécile ! c'est bien.
Nous sommes dans le cirque, et tu me fais la guerre.
Pourquoi ? Vois-tu là-bas cet homme au front vulgaire ?
C'est un nommé Néron,... -
XVIII
Dans Virgile parfois, dieu tout près d’être un ange,
Le vers porte à sa cime une lueur étrange.
C’est que, rêvant déjà ce qu’à présent on sait,
Il chantait presque à l’heure où jésus vagissait.
C’est qu’à son issu même il est... -
La vieille en pleurs disait : — La misère en est cause,
Pour mon bon vieux défunt je n'aurai pas grand'chose,
Un seul cierge, un seul prêtre, et deux mots d'oraison
À la porte. On peut bien entrer dans la maison,
Avoir l'autel, avoir les saints, avoir les châsses,
Tout le clergé chantant des actions de grâces,
Des psaumes, des bedeaux, tout ; mais il... -
Il dit : « Arrive, tue, détruis, ravage, puisque
tu as vaincu ceux qui avaient vaincu.
(Romances espagnoles.)Cyprès, arbres des morts, qui courbe ainsi vos têtes ?
Sont-ce les Esprits des tempêtes ?
Sont-ce les noirs vautours, cachés dans vos rameaux ?
Ou, fidèles encore à vos bocages sombres,
Les Enfants d’Ossian viennent-ils... -
Le mont Blanc que cent monts entourent de leur chaîne,
Comme dans les bouleaux le formidable chêne,
Comme Samson parmi les enfants d’Amalec,
Comme la grande pierre au centre du cromlech,
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Il faisait nuit ; le ciel sinistre était sublime ;
La terre offrait sa brume et la mer son abîme.
Voici la question qui se posait devant
Des hommes secoués par l'onde et par le vent :
Faut-il fuir le détroit d'Euripe ? Y faut-il faire
Un front terrible à ceux que le destin préfère,
Et qui sont les affreux conquérants sans pitié ?
Ils ont une...