• Ta délicieuse altesse
    Veut-elle accepter mon bras ?
    Nous irons où tu voudras ;
    Tout avec toi m’est liesse ;
    Tu verras comme aujourd’hui
    Le ciel est épanoui
    Et plein de délicatesse.

    Tout semble bon à manger ;
    Dans l’air amoureux et moite
    Quelques nuages d’ouate
    Floconnent, troupeau...

  • L’aube est bien tardive à naître,
    Il a gelé cette nuit ;
    Et déjà sous ta fenêtre
    Mon fol amour m’a conduit.

    Je tremble, mais moins encore
    Du froid que de ma langueur ;
    Le frisson du luth sonore
    Se communique à mon cœur

    Ému comme un petit page,
    J’attends le moment plus sûr
    Où j’entendrai le tapage
    De tes volets sur le mur ;...

  • Pour venir t’aimer, ma chère,
    Je franchis les blancs ruisseaux,
    Et j’ai l’âme si légère
    Que j’ai pitié des oiseaux.

    Quel temps fait-il donc ? Il gèle,
    Mais je me crois au printemps.
    Entends-tu, mademoiselle ?
    Tu m’as rendu mes vingt ans.

    Tu m’as rendu ma jeunesse.
    Ce cœur que je croyais mort,
    Je veux pour toi qu’il renaisse ;...

  • Mere d'Amour, Venus la belle,
    Que n'as tu mis en ta tutelle
    Du beau may le mois vigoureux ?
    Si l'avril a pris ton coeur tendre,
    Au moins ton fils Amour dust prendre
    Du doux May le temps amoureux.

    May, qui non seulement devance,
    Avril en douceur et plaisance,
    Mais qui seul encore vaut mieux
    Que tout le reste que l'an dure,
    Gâté de...

  • L'aube éclabousse les monts de sang
    Tout drapés de fine brume,

    Et l'on entend meugler frémissant
    Un boeuf au naseau qui fume.

    Voici l'heure de la boucherie.
    Le tenant par son licol,

    Les gars pour la prochaine tuerie
    Ont mis le mouchoir au col.

    La hache s'abat avec tel han,
    Qu'ils pausent contre habitude.

    Procumbit...