Laisse couler mes pleurs tendres sur ton visage.
Bois-les, je suis ta soeur humaine dans la vie,
Le sang coule en ma chair pour être ta pâture
Et l'amour de la créature
M'a pour jamais vers toi, ô mon frère, inclinée.
Quel intime frisson de chair nous réunit,
...

(Fragment)

Quand j'aurai bien souffert de mon âme muette
Qui contenait le rythme et les rayons humains,
Sans l'avoir jamais vue, en des planches secrètes,
Des hommes la cloueront, ironique destin !

Car ce que j'ai chanté n'est encor que silence,
Et...

Je t'apporte ce soir ma natte plus lustrée
Que l'herbe qui miroite aux collines de juin ;
Mon âme d'aujourd'hui fidèle à toi rentrée
Odore de tilleul, de verveine et de foin ;
Je t'apporte cette âme à robe campagnarde.
Tout le jour j'ai couru dans la fleur des...

Voilà que je me sens plus proche encor des choses.
Je sais quel long travail tient l'ovaire des roses,
Comment la sauterelle au creux des rochers bleus
Appelle le soleil pour caresser ses neufs
Et pourquoi l'araignée, en exprimant sa moelle,
Protège ses petits d'un...

Je suis née au milieu du jour,
La chair tremblante et l'âme pure,
Mais ni l'homme ni la nature
N'ont entendu mon chant d'amour.

Depuis, je marche solitaire,
Pareille à ce ruisseau qui fuit
Rêveusement dans les fougères
Et mon coeur s'éloigne sans...

Beauté, dans ce vallon étends-toi blanche et nue
Et que ta chevelure alentour répandue
S'allonge sur la mousse en onduleux rameaux ;
Que l'immatérielle et pure voix de l'eau,
Mêlée au bruit léger de la brise qui pleure,
Module doucement ta plainte intérieure.
...

Mais je suis belle d'être aimée,
Vous m'avez donné la beauté,
Jamais ma robe parfumée
Sur la feuille ainsi n'a chanté,
Jamais mon pas n'eut cette grâce
Et mes yeux ces tendres moiteurs
Qui laissent les hommes rêveurs
Et les fleurs même, quand je passe....

Jusqu'au ciel d'azur gris le pré léger s'élève
Comme une route fraîche inconnue aux vivants ;
La mouillure de l'herbe et de la jeune sève

Répand dans l'air rêveur son haleine d'argent.
Sur les bords de ce pré le bouleau se balance
Avec le merisier profond dans...

Pourquoi crains-tu, fille farouche
De me voir nue entre les fleurs ?
Mets une rose sur ta bouche
Et ris avec moins de rougeur.
Ne sais-tu pas comme ta robe
Est transparente autour de toi
Et que d'un clair regard je vois
Ta sveltesse qui se dérobe ?...

Je ne suis pas bien du tout assis sur cette chaise
Et mon pire malaise est un fauteuil où l'on reste
Immanquablement je m'endors et j'y meurs.

Mais laissez-moi traverser le torrent sur les roches
Par bonds quitter cette chose pour celle-là
Je trouve l'équilibre...