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    I

    Dans les villes, tombeaux dont le peuple croit vivre,
    Où s'agitent des morts par des morts coudoyés,
    Où l'âme aspire un air qui la tue ou l'enivre,
    Ceux qui sont nés à Dieu sont bientôt oubliés.

    Là, des spectres faisant de l'ombre et du tumulte,
    Vous cachent à mes yeux, vous-même, ô mon ami !
    Et j'omets tout un jour de vous rendre mon culte...

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    Ami, Dieu se complaît dans votre œuvre et dans vous ;
    Il vient de l’attester par un signe bien doux :
    Il vous a fait connaître, il vous a donné celle
    En qui, dès ici-bas, son sourire étincelle,
    La main qu’il vous fallait, même à vous sage et fort,
    Pour garder votre cœur du désir de la mort ;
    Et l’homme cette fois a, sans erreurs étranges,
    Mêlé...

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    DANS les érables d’or et les érables rouges
    Comme de précieux joyaux les feuilles bougent,
    Et les rameaux légers font sur l’horizon pur
    Des losanges de ciel et des carreaux d’azur.
    La montagne, en octobre, est somptueuse et douce.
    Un désir d’air sylvestre et de beauté m’y pousse.
    J’adore la nuance et le fin coloris.
    L’arbre m’est un plaisir...

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    Sachez ce que j'ai dit pour vous sur la montagne,
    Ami dont la pensée est partout ma compagne.

    Un matin de janvier, par un temps vif et clair,
    Où je me sentais fort de la vigueur de l'air,
    Un de ces jours dorés, bleus, et tels que d'avance
    Son soleil, l'hiver même, en donne à la Provence,
    Je sortis de la ville où, — souvenir sacré ! —
    Pour la...

  • L’e soir, désaltérant la soif de la campagne,
    Coule, froidement vert comme un fleuve du Nord,
    Et voici que descend l’odeur de la montagne.

    Consolant la tristesse et ranimant l’effort,
    La fraîcheur des sommets se répand dans la plaine.

    On...

  • On trouve dans les monts des lacs de quelques toises,
    Purs comme des cristaux, bleus comme des turquoises,
    Joyaux tombés du doigt de l’ange Ithuriel,
    Où le chamois craintif, lorsqu’il vient pour y boire,
    S’imagine, trompé par l’optique illusoire,
                    Laper l’azur du ciel.

    Ces limpides bassins, quand le jour s’y reflète,
    Ont comme la...

  • Notre maison est seule au creux de la montagne
    Où le chant d'une source appelle des roseaux,
    Où le bout de jardin plein de légumes gagne
    La roche qui nous tient dans son âpre berceau.
    Septembre laisse choir sur les molles argiles
    La pomme abandonnée aux pourceaux grassouillets.
    Nous avons dû poser des cailloux sur les tuiles ;
    Car la bise souvent s'...

  • Une Montagne en mal d'enfant
    Jetait une clameur si haute,
    Que chacun au bruit accourant
    Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
    D'une Cité plus grosse que Paris :
    Elle accoucha d'une Souris.

    Quand je songe à cette Fable
    Dont le récit est menteur
    Et le sens est véritable,
    Je me figure un Auteur
    Qui dit : Je chanterai la guerre
    Que...

  • Ô altitudo !

    Avez-vous quelquefois, calme et silencieux,
    Monté sur la montagne, en présence des cieux ?
    Était-ce aux bords du Sund ? aux côtes de Bretagne ?
    Aviez-vous l'océan au pied de la montagne ?
    Et là, penché sur l'onde et sur l'immensité,
    Calme et silencieux, avez-vous écouté ?
    Voici ce qu'on entend : - du moins un jour qu'en rêve
    Ma...

  • On trouve dans les monts des lacs de quelques toises,
    Purs comme des cristaux, bleus comme des turquoises,
    Joyaux tombés du doigt de l'ange Ithuriel,
    Où le chamois craintif, lorsqu'il vient pour y boire,
    S'imagine, trompé par l'optique illusoire,
    Laper l'azur du ciel.

    Ces limpides bassins, quand le jour s'y reflète,
    Ont comme la prunelle une humide...