DANS les érables d’or et les érables rouges
Comme de précieux joyaux les feuilles bougent,
Et les rameaux légers font sur l’horizon pur
Des losanges de ciel et des carreaux d’azur.
La montagne, en octobre, est somptueuse et douce.
Un désir d’air sylvestre et de beauté m’y pousse.
J’adore la nuance et le fin coloris.
L’arbre m’est un plaisir constant : je l’ai compris.
L’ambre luit, l’incarnat magnifique flamboie,
Toutes les teintes font comme un grand feu de joie !
Quand un souffle furtif passe dans le soleil,
Ah ! le frémissement de l’arbre est sans pareil !
Rien n’est plus merveilleux, rien n’est plus beau sur terre
Qu’un érable d’automne en un champ, solitaire !
Et la mélancolie auguste de nos bois
Qui, par leurs arbres chers, pleurent tous à la fois !…
Si vous voulez qu’un jour votre âme se recueille,
Allez vous promener aux chemins où la feuille
Tombe, comme un oiseau sans ailes, sous vos pas.
Regardez, c’est divin ! Ne vous arrêtez pas.
Et songez, en errant longtemps à l’aventure,
Comme est diverse et belle et simple la Nature.