• Les faux beaux jours ont lui tout le jour, ma pauvre âme,
    Et les voici vibrer aux cuivres du couchant.
    Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ :
    Une tentation des pires. Fuis l'infâme.

    Ils ont lui tout le jour en longs grêlons de flamme,
    Battant toute vendange aux collines, couchant
    Toute moisson de la vallée, et ravageant
    Le ciel tout bleu,...

  • Ce que je veux ? Une carafe d'eau glacée.
    Rien de plus. Nuit et jour, cette eau, dans ma pensée,
    Ruisselle doucement comme d'une fontaine.
    Elle est blanche, elle est bleue à force d'être fraîche.
    Elle vient de la source ou d'une cruche pleine.
    Elle a cet argent flou qui duvête les pêches
    Et l'étincellement d'un cristal à facettes.

    Elle est de...

  • Conte les ans, les mois, les heures et les jours
    Et les points de ta vie, et me dis, malhabile,
    Où ils s'en sont allés : comme l'ombre fragile
    Ils se sont écoulés sans espoir de retour.

    Nous mourons et nos jours roulent d'un vite cours
    L'un l'autre se poussant comme l'onde labile*
    Qui ne retourne point, mais sa course mobile
    D'une même roideur...

  • Donne moy tes presens en ces jours que la Brume
    Fait les plus courts de l'an, ou de ton rameau teint
    Dans le ruisseau d'Oubly dessus mon front espreint,
    Endor mes pauvres yeux, mes gouttes et mon rhume.

    Misericorde ô Dieu, ô Dieu ne me consume
    A faulte de dormir, plustost sois-je contreint
    De me voir par la peste ou par la fievre esteint,
    Qui mon...

  • Je veus lire en trois jours l'Iliade d'Homere,
    Et pour-ce, Corydon, ferme bien l'huis sur moy.
    Si rien me vient troubler, je t'asseure ma foy
    Tu sentiras combien pesante est ma colere.

    Je ne veus seulement que nostre chambriere
    Vienne faire mon lit, ton compagnon, ny toy,
    Je veus trois jours entiers demeurer à requoy,
    Pour follastrer apres une sepmaine...

  • Ce doux hiver qui égale ses jours
    A un printemps, tant il est aimable,
    Bien qu'il soit beau, ne m'est pas agréable,
    J'en crains la queue, et le succès toujours.

    J'ai bien appris que les chaudes amours,
    Qui au premier vous servent une table
    Pleine de sucre et de mets délectable,
    Gardent au fruit leur amer et leurs tours.

    Je vois déjà les...

  • Été : être pour quelques jours
    le contemporain des roses ;
    respirer ce qui flotte autour
    de leurs âmes écloses.

    Faire de chacune qui se meurt
    une confidente,
    et survivre à cette soeur
    en d'autres roses absente.

  • Les miroirs, par les jours abrégés des décembres,
    Songent-telles des eaux captives-dans les chambres,
    Et leur mélancolie a pour causes lointaines
    Tant de visages doux fanés dans ces fontaines
    Qui s'y voyaient naguère, embellis du sourire !

    Et voilà maintenant, quand soi-même on s'y mire,
    Qu'on croit y retrouver l'une après l'autre et seules
    Ces figures...

  • Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose,
    A votre fuite en vain un long regret s'oppose.
    Beaux jours, quoique, souvent obscurcis de mes pleurs,
    Vous dont j'ai su jouir même au sein des douleurs,
    Sur ma tête bientôt vos fleurs seront fanées ;
    Hélas ! bientôt le flux des rapides années
    Vous aura loin de moi fait voler sans retour.
    Oh ! si du...

  • Oh ! puisse le ciseau qui doit trancher mes jours
    Sur le sein d'une belle en arrêter le cours !
    Qu'au milieu des langueurs, au milieu des délices,
    Achevant de Vénus les plus doux sacrifices,
    Mon âme, sans efforts, sans douleurs, sans combats,
    Se dégage et s'envole, et ne le sente pas !
    Qu'attiré sur ma tombe, où la pierre luisante
    Offrira de ma fin l'...