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    Quand la cloche du soir, dans l’air mélancolique,
    Vibre et rappelle au loin, vers le chaume rustique,
    Le pâtre et ses troupeaux dans les champs dispersés,
    Des ans qui ne sont plus le souvenir s’éveille,
    Et dans les voix du soir je crois prêter l’oreille
           A la voix de mes jours passés.

    Où sont mes frais espoirs ? Craintives hirondelles,
    ...

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    Quand des cloches du soir la voix mélancolique
    Rappelle à sons plaintifs, sous leur chaume rustique,
    Le pâtre et ses troupeaux dans les champs dispersés ;
    De mes ans révolus le souvenir s'éveille ;
    Et dans les voix du soir je crois prêter l'oreille
    A la voix de mes jours passés.

    Où sont mes jeux d'enfant ? Craintives hirondelles,
    Vers des...

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    Comme une herbe sans eau, comme une fleur aride
    Qui s’éteint sans parfums sous les feux de l’été,
    Mon âme, loin de toi, mon âme est morne et vide :
              En te quittant j’ai tout quitté !

    La ville et ses splendeurs, la nature et ses charmes,
    Rien n’a rendu le calme à ce cœur tourmenté.
    Mon front est sans pensée et mon œil est sans larmes :...

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    Esprit mâle et sincère aux tendresses profondes,
    Crois-mois, contre un plomb vil n’échange pas ton or :
    La perle que tu veux n’habite point nos ondes,
    Leur sein n’enferme point ton idéal trésor.

    A tes ennuis sacrés la terre est insensible ;
    Les amours primitifs y sont morts à jamais.
    Jamais tu n’atteindras ton rêve inaccessible,
    Ami ! tu l’...

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    C’était sous l’équateur. Dans la vague apaisé
    Le char des jours plongeait ses flamboyants essieux,
    Et la nuit, s’avançant sur la voie embrasée,
    D’ombre et de paix sereine enveloppait les cieux.

    Les étoiles s’ouvraient sous un souffle invisible,
    Et brillaient, fleurs de feu, dans un ciel étouffant.
    L’Océan, dans son lit tiède, immense, paisible,...

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    Fille des mers, à qui l'onde africaine
    Aime à donner ses baisers les plus doux,
    Qui dans les cieux levant un front de reine,
    Brave des airs l'orage et le courroux ;
    Daigne tourner vers nous tes yeux de mère,
    Nous dont la voix monte pour te bénir,
    Nous qui buvons à la gloire prospère
    De tes jours à venir.

    Fille des mers, île heureuse et...

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    Quelle vie !… Il est dur, né pour de nobles guerres,
    De dépenser sa force en des luttes vulgaires !
    Fier, d’avoir à défendre et partout et toujours
    Contre de vils besoins de misérables jours !
    Brave, étouffant sa voix, jeune, éteignant sa flamme,
    D’immoler à son corps sa pensée et son âme !
    Ou si l’on veut mourir, fidèle à son mandat,
    De...

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    Il est souillé, le sol sacré de la patrie !
    Nos cités, nos moissons, nos champs sont saccagés ;
    Les toits fument ! Debout pour la sainte tuerie !
    Frappez ! fauchez ! hachez ! des deux mains égorgez !

    Ils descendent du nord, Vandales d’un autre âge,
    Semant partout le meurtre et le crime et le vol.
    De la terre des Franks ils rêvent le partage :
    ...

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    Victimes ! grands esprits à qui Dieu fit des ailes,
    Poètes et penseurs qu’embrasent de saints zèles,
    Martyrs des hauts instincts dont le ciel vous dota,
    Vous qui de l’Art aussi montez le Golgotha !
    O prêtres de la Muse ! ô couronnés d’épines !
    Dans les sentiers trempés de vos sueurs divines,
    Tombant sur les genoux, oh ! qu’il est des moments
    Où...

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    De leurs cercles bruyants où tout est faux et vide
    Quand j’ai, silencieux, longtemps subi le poids,
    Esprit malade, esprit de solitude avide,
    Comme un oiseau blessé, je m’enfuis vers les bois.

    Là, tout est doux et grand, rien n’irrite et ne pèse ;
    Je m’abreuve de calme et de recueillement.
    Les bois me sont amis ! leur charme qui m’apaise
    Endort...