Victimes ! grands esprits à qui Dieu fit des ailes,
Poètes et penseurs qu’embrasent de saints zèles,
Martyrs des hauts instincts dont le ciel vous dota,
Vous qui de l’Art aussi montez le Golgotha !
O prêtres de la Muse ! ô couronnés d’épines !
Dans les sentiers trempés de vos sueurs divines,
Tombant sur les genoux, oh ! qu’il est des moments
Où vous avez au cœur de sourds accablements !
Dans votre œuvre arrêtés, plus grands que votre force,
Vous sentez que vos fruits vont mourir sous l’écorce ;
Et, de douleur muets, apôtres ignorés,
Vous tournez vers le ciel des yeux désespérés !
Et, se lavant les mains de vos malheurs, ce monde
Passe et rit; - mais, frappé d’une stupeur profonde,
Tout à coup il entend monter vers l’infini
Ce cri du Juste : « Eli, lamma sabachtani ! »
Le Cri du juste
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Puisque en tes jours bénis de gloire et de puissance,
Du pauvre jusqu’à toi franchissant la distance,
Tu l’aidas de sa croix à porter le fardeau ;
Et que, sourd aux instincts d’une opulence avare,
Toi, prince, tu couvris les membres de Lazare
Des plis... -
LA MÃREPourquoi jeter ta voix si paisible et si douce
A travers ces rumeurs d'un siècle aux fortes voix ?
Ami, crois-moi, résiste au démon qui te pousse ;
Laisse tes faibles chants, comme l'eau sur la mousse
Laisse tes chants couler à l'ombre de nos... -
La vipère du mal a mordu ta pensée,
Poète, et dans ton sein la colombe blessée
Palpite. Apaise-toi ; ferme ton noble cœur
Aux stériles conseils d’une aveugle douleur.
Souffre ; laisse venir les heures vengeresses.
Mais pour le Mal alors plus de pitiés... -
Marie, ô douce enfant aux grands yeux de gazelle,
Qui naquis sur un sol où croissent les palmiers ;
Toi dont l’âme charmante et les songes premiers
Se sont ouverts, bercés à la voix fraternelle
Des bengalis et des ramiers !O douce enfant ! ta vie...
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Loin d’ici veux-tu fuir ? pauvre couple enchaîné,
Veux-tu nous envoler vers l’île où je suis né ?
Je suis las de contrainte et de ruse et d’entrave.
Le ciel ne m’a point fait avec un cœur d’esclave !
Me cacher pour te voir, pour t’aimer, ô tourment !
Je veux...