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    Flumina amem silvasque inglorius !
    (VIRGILE.)

    Oui, je suis un rêveur ! j’aime comme Virgile
    A vivre inglorieux,
    Près d’un ruisseau sans nom qui reflète tranquille
    Le vif azur des cieux ;

    Oui, je suis un rêveur ! ainsi que Lamartine,
    Sur l’eau d’un lac mouvant,
    J’aime à voir, au lointain, la voile qui s’incline
    Sous...

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    I

    Le règne est arrivé de leur sagesse impie ;
    Ils ont touché le sol de leur chère utopie.
    Pour fonder à leur gré la cité de la chair,
    Le Seigneur leur livra la mer, la terre et l’air.

    Libres du joug des mœurs, libres des lois divines,
    Seuls maîtres, seuls debout sur toutes les ruines,
    Ils promènent partout le stupide niveau,
    Règle...

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    « Des hommes d’action, des hommes de logique,
    Oui, voilà ce qu’il faut dans ce siècle énergique ;
    Des hommes criant fort et marchant le front haut,
    Des hommes positifs, oui, voilà ce qu’il faut !
    A ce grand siècle, il faut des ouvriers pratiques ;
    De robustes enfants, non de frêles mystiques !
    Il n’a pas le loisir d’...

  • Comme parle et se tait une fille des hommes
    Comme de grands secrets sont formés par son corps
    Quel étrange plaisir, à cette heure où nous sommes
    Aussi libres de tout que les esprits des morts,

    Aussi légers, abandonnés, sûrs de nous-mêmes,
    Aussi loin de la vie aux doux yeux égarés,
    Bien sages, sans vouloir connaître qui nous aime,
    Comme de beaux...

  • O ciel vouté qui la terre bien heures,
    O feu sans poix agilement leger,
    O air humide, o vent prompt messager,
    O large mer qui la terre ceintures,

    O terre riche, ô qui ton doz peintures
    De vers thesors pour l'homme soulager,
    Bois, pres, champs, eaux, que pour nous arranger,
    Nature essay' de mille architectures,

    Quand vous verrez que les...

  • Au temps qu'Amour, d'hommes et Dieux vainqueur,
    Faisait brûler de sa flamme mon coeur,
    En embrasant de sa cruelle rage
    Mon sang, mes os, mon esprit et courage,
    Encore lors je n'avais la puissance
    De lamenter ma peine et ma souffrance ;
    Encor Phébus, ami des lauriers verts,
    N'avait permis que je fisse des vers.
    Mais maintenant que sa fureur divine
    ...

  • Un Homme n'ayant plus ni crédit, ni ressource,
    Et logeant le Diable en sa bourse,
    C'est-à-dire, n'y logeant rien,
    S'imagina qu'il ferait bien
    De se pendre, et finir lui-même sa misère,
    Puisque aussi bien sans lui la faim le viendrait faire,
    Genre de mort qui ne duit pas
    A gens peu curieux de goûter le trépas.
    Dans cette intention, une vieille masure...

  • Tous les hommes sont l'Homme ; et pas plus que les cieux
    Le droit n'a de rivages ;
    Ma sombre liberté sent le poids monstrueux
    De tous les esclavages.

    Avec tout prisonnier je me sens enfermé ;
    Ses chaînes sont les nôtres ;
    Guerre aux rois! Délivrance! Un seul peuple opprimé
    Opprime tous les autres.

  • Cent mille hommes, criblés d'obus et de mitraille,
    Cent mille hommes, couchés sur un champ de bataille,
    Tombés pour leur pays par leur mort agrandi,
    Comme on tombe à Fleurus, comme on tombe à Lodi,
    Cent mille ardents soldats, héros et non victimes,
    Morts dans un tourbillon d'évènements sublimes,
    D'où prend son vol la fière et blanche Liberté,
    Sont un malheur...

  • ont raison de changer d'amour


    Au brin d'herbe qu'elle a quitté
    Songe la cigale infidèle ;
    Meilleur exemple, l'hirondelle
    N'a qu'un nid pour plus d'un été.

    Vaudras-tu la réalité,
    Bonheur rêvé qui fais fi d'elle ?
    Au brin d'herbe qu'elle a quitté
    Songe la cigale infidèle.

    Pour fragile, hélas ! qu'ait été
    L'amour qui fut...