• Dans une cage de bois blanc,
    Où manquait l’espace à ses ailes,
    On voyait un aigle vivant
    Qui tenait closes ses prunelles ;

    Au-dessus de lui murmuraient,
    Roucoulaient, agitaient leurs têtes,
    Deux colombes qui s’adoraient
    Selon l’usage de ces bêtes.

    Et par instants l’oiseau royal
    Abaissant ses beaux yeux moroses,
    Regardait le couple...

  • Dans le crépuscule d’automne
    Ils reviennent, les petits veaux :
    Porcs, génisses, bœufs et chevaux
    Suivent la route monotone.

    De pauvres ânes qu’on bâtonne
    Hi-hannent par monts et par vaux.
    Dans le crépuscule d’automne
    Ils reviennent les petits veaux.

    Un troupeau bêlant qui s’étonne
    D’aller par des chemins nouveaux
    Creux et noirs...

  • Oh ! qu’il était triste, au coin de la salle !
    Comme il grelottait, l’homme au violon !
    La baraque en planche était peu d’aplomb,
    Et le vent soufflait dans la toile sale.

    Des bourgeois blasés ― l’un d’eux s’en alla ! ―
    Raillaient à plaisir ces vieilles sornettes,
    Ainsi qu’il convient à des gens honnêtes
    Qui sont revenus de ces choses-là !

    Dans...

  • [...] Ici le bel art de piper
    Très impunément se pratique ;
    Ici tel se laisse attraper
    Qui croit faire aux pipeurs la nique.
    Approchons ces gens assemblés,
    Hommes parmi femmes mêlés
    J'y vois, ce me semble, une dupe,
    Car ce beau porte-point-coupé,
    D'un touffu panache huppé,
    Près de cette brillante jupe
    Qui bien plus que son jeu l'occupe...

  • Aux Dames.

    Ô malheur du temps où nous sommes !
    Je suis le plus adroit des hommes
    Et suis reduit à balleyer.
    Mais, si vous voulez m'employer
    Au charmant mestier de vous plaire,
    Vous verrez ce que je sçay faire :
    Si je n'en sors à mon honneur,
    Ne vous fiez jamais au Balleyeur.