• Les passions d’éveil et de savoir ? — Vidées.

    Alors, viens voir ton bel ange gardien, le tien,
    Qui lentement s’assied sur tes tombeaux d’idées.

    Il te parle, très doucement, de l’autrefois ;
    Écoute : et les saluts, jadis, à l’oratoire,
    Et les Noël et les Pâques et puis les Croix
    Et les âmes des tiens qui sont en purgatoire.

    Écoute : et les premiers...

  • Je me souviens de mon enfance
    Et du silence où j'avais froid ;
    J'ai tant senti peser sur moi
    Le regard de l'indifférence.

    Ô jeunesse, je te revois
    Toute petite et repliée,
    Assise et recueillant les voix
    De ton âme presque oubliée.

  • Je fu en fleur ou temps passé d'enfance
    Et puis après devins fruit en jeunesse ;
    Lors m'abaty de l'arbre de plaisance,
    vert et non meur*, Folie ma maistresse.
    Et pour cela Raison, qui tout redresse
    A son plaisir, sans tort ou mesprison**,
    M'a a bon droit, par sa tresgrant sagesse.
    Mis pour meurir ou feurre de prison***.

    En ce j'ay fait longue...

  • Un ami me parlait et me regardait vivre :
    Alors, c'était mourir... mon jeune âge était ivre
    De l'orage enfermé dont la foudre est au coeur ;
    Et cet ami riait, car il était moqueur.
    Il n'avait pas d'aimer la funeste science.
    Son seul orage à lui, c'était l'impatience.
    Léger comme l'oiseau qui siffle avant d'aimer,
    Disant : " Tout feu s'éteint, puisqu'il peut s...

  • L'haleine d'une fleur sauvage,
    En passant tout près de mon coeur,
    Vient de m'emporter au rivage,
    Où naguère aussi j'étais fleur :
    Comme au fond d'un prisme où tout change,
    Où tout se relève à mes yeux,
    Je vois un enfant aux yeux d'ange :
    C'était mon petit amoureux !

    Parfum de sa neuvième année,
    Je respire encor ton pouvoir ;
    Fleur à mon...

  • Oriôn, tout couvert de la neige du pôle,
    Auprès du Chien sanglant montrait sa rude épaule ;
    L'ombre silencieuse au loin se déroulait.
    Alkmène ayant lavé ses fils, gorgés de lait,
    En un creux bouclier à la bordure haute,
    Héroïque berceau, les coucha côte à côte,
    Et, souriant, leur dit : Dormez, mes bien-aimés.
    Beaux et pleins de santé, mes chers petits, dormez...

  • L'enfance n'est sinon qu'une stérile fleur,
    La jeunesse qu'ardeur d'une fumière* vaine,
    Virilité qu'ennui, que labeur, et que peine,
    Vieillesse que chagrin, repentance, et douleur ;

    Nos jeux que déplaisirs, nos bonheurs que malheur,
    Nos trésors et nos biens que tourment et que gêne,
    Nos libertés que lacs, que prisons, et que chaîne
    Notre aise que...

  • L'enfance incontinent meurt devant la jeunesse,
    L'adolescence fait la jeunesse mourir,
    La virilité fait au monument* courir
    L'âge d'adolescence où l'amour nous oppresse,

    La virilité cède à la morne vieillesse,
    La mort fait le surgeon de vieillesse tarir,
    Le jour du lendemain le jourd'hui fait périr,
    Tant la fuite du temps et la suite se presse....

  • L'enfant chantait; la mère au lit, exténuée,
    Agonisait, beau front dans l'ombre se penchant ;
    La mort au-dessus d'elle errait dans la nuée ;
    Et j'écoutais ce râle, et j'entendais ce chant.

    L'enfant avait cinq ans, et près de la fenêtre
    Ses rires et ses jeux faisaient un charmant bruit ;
    Et la mère, à côté de ce pauvre doux être
    Qui chantait tout le jour...

  • Adieu mes jours enfants, paradis éphémère !
    Fleur que brûle déjà le regard du soleil,
    Source dormeuse où rit une douce chimère,
    Adieu ! L'aurore fuit. C'est l'instant du réveil !

    J'ai cherché vainement à retenir tes ailes
    Sur mon coeur qui battait, disant : " Voici le jour ! "
    J'ai cherché vainement parmi mes jeux fidèles
    A prolonger mon sort dans...