La famille nombreuse, et par les dieux comblée,
Tout autour de la table est encor rassemblée :
Elyone au long col, Lydie aux seins naissants,
Nyza dont la voix triste a de si purs accents,
Myrte agile et robuste, Ixène douce et blanche.
La mère aux lourds bandeaux sur les petits se penche ;
Myrte rit aux éclats ; Ixène jette un cri ;
Et le père...
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Qui donc a dit que la chanson était morte, morte avec la goguette qui fut son asile si longtemps ? Comme si la chanson, « cette forme ailée et charmante de la pensée », selon l'expression de Victor Hugo, pouvait mourir dans notre France où le couplet a toujours été le gracieux frère de la strophe ! Bien que l'Académie se soit refusée à décerner le prix Montariol, réservé d'après la volonté du...
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Comme elle chante
Dans ma voix,
L'âme longtemps murmurante
Des fontaines et des bois !
Air limpide du paradis,
Avec tes grappes de rubis,
Avec tes gerbes de lumière,
Avec tes roses et tes fruits ;
Quelle merveille en nous à cette heure !
Des paroles depuis des âges endormies
En des sons, en des fleurs,
Sur mes lèvres... -
L'un chante les amours de la trop belle Hélène,
L'un veut le nom d'Hector par le monde semer,
Et l'autre par les flots de la nouvelle mer
Conduit Jason gaigner les trésors de la laine.
Moy je chante le mal qui à mon gré me meine :
Car je veus, si je puis, par mes carmes charmer
Un tourment, un soucy, une rage d'aimer,
Et un espoir musard, le... -
Le coucou chante au bois qui dort.
L'aurore est rouge encore,
Et le vieux paon qu'Iris décore
Jette au loin son cri d'or.
Les colombes de ma cousine
Pleurent comme une enfant.
Le dindon roue en s'esclaffant :
Il court à la cuisine. -
J'écris ; entre mon rêve et toi la lampe chante.
Nous écoutons, muets encor de volupté,
Voleter un phalène aveugle dans la chambre.
Ton visage pensif est rose de clarté.
Tu caresses les doigts que je te laisse et songes :
" Si vraiment il m'aimait ce soir, écrirait-il ? "
Tu soupires, tes mains tressaillent, et tes cils
Palpitent sous tes yeux en... -
Je chante et pleure, et veux faire et défaire,
J'ose et je crains, et je fuis et je suis,
J'heurte et je cède, et j'ombrage et je luis,
J'arrête et cours, je suis pour et contraire,
je veille et dors, et suis grand et vulgaire,
Je brûle et gèle, et je puis et ne puis,
J'aime et je hais, je conforte et je nuis,
Je vis et meurs, j'espère et... -
Jeanne chante ; elle se penche
Et s'envole ; elle me plaît ;
Et, comme de branche en branche,
Va de couplet en couplet.
De quoi donc me parlait-elle ?
Avec sa fleur au corset,
Et l'aube dans sa prunelle,
Qu'est-ce donc qu'elle disait ?
Parlait-elle de la gloire,
Des camps, du ciel, du drapeau,
Ou de ce qu'il faut de moire... -
Si l'on chante un dieu,
ce dieu vous rend son silence.
Nul de nous ne s'avance
que vers un dieu silencieux.
Cet imperceptible échange
qui nous fait frémir,
devient l'héritage d'un ange
sans nous appartenir. -
Tout ici chante la vie de naguère,
non pas dans un sens qui détruit le demain ;
on devine, vaillants, dans leur force première
le ciel et le vent, et la main et le pain.
Ce n'est point un hier qui partout se propage
arrêtant à jamais ces anciens contours :
c'est la terre contente de son image
et qui consent à son premier jour.