• Ce soir, à travers le bonheur,
    Qui donc soupire, qu'est-ce qui pleure ?
    Qu'est-ce qui vient palpiter sur mon coeur,
    Comme un oiseau blessé ?

    Est-ce une plainte de la terre,
    Est-ce une voix future,
    Une voix du passé ?
    J'écoute, jusqu'à la souffrance,
    Ce son dans le silence.

    Ile d'oubli, ô Paradis !
    Quel cri déchire, cette...

  • Au-dessous de zéro

    Les visages sont muets

    Tant mieux tu ne saurais plus dire Au revoir
    La Belle saison est ailleurs On s'y fait
    Et depuis que nous avons les jeux de hasard
    Il a fallu mettre une rallonge à la table
    En dépit du bon sens,
    Ce jour fut le plus court de l'année
    Divers prénoms
    Un autre bien plus joli
    En...

  • Le bonheur est mélancolique.
    Le cri des plus joyeux oiseaux
    Paraît lointain comme de l'eau
    Où se noierait une musique.

    À l'oeil qui s'en repaît longtemps
    La couleur des fleurs est moins fraîche ;
    L'herbe a parfois l'air d'être sèche
    Sur le sein même du printemps.

    L'allégresse comme un mensonge
    Hausse sa note d'un degré
    Et l'...

  • Un rêve de bonheur qui souvent m'accompagne,
    C'est d'avoir un logis donnant sur la campagne,
    Près des toits, tout au bout du faubourg prolongé,
    Où je vivrais ainsi qu'un ouvrier rangé.
    C'est là, me semble-t-il, qu'on ferait un bon livre.
    En hiver, l'horizon des coteaux blancs de givre ;
    En été, le grand ciel et l'air qui sent les bois ;
    Et les rares amis, qui...

  • SUR LE BONHEUR DES JUSTES, ET SUR
    LE MALHEUR DES REPROUVES

    Heureux, qui de la Sagesse
    Attendant tout son secours,
    N'a point mis en la Richesse
    L'espoir de ses derniers jours.
    La mort n'a rien qui l'étonne ;
    Et dès que son Dieu l'ordonne,
    Son âme prenant l'essor
    S'élève d'un vol rapide
    Vers la demeure, où réside
    Son véritable trésor...

  • Sed satis est jam posse mori.
    LUCAIN.


    Où donc est le bonheur ? disais-je. - Infortuné !
    Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l'avez donné.

    Naître, et ne pas savoir que l'enfance éphémère,
    Ruisseau de lait qui fuit sans une goutte amère,
    Est l'âge du bonheur, et le plus beau moment
    Que l'homme, ombre qui passe, ait sous le firmament !
    ...

  • Sonnet

    Avoir une maison commode, propre et belle,
    Un jardin tapissé d'espaliers odorans,
    Des fruits, d'excellent vin, peu de train, peu d'enfans,
    Posseder seul sans bruit une femme fidèle,

    N'avoir dettes, amour, ni procès, ni querelle,
    Ni de partage à faire avecque ses parens,
    Se contenter de peu, n'espérer rien des Grands,
    Régler tous...

  • Ô bonheur de l'été : le carillon tinte
    puisque dimanche est en vue ;
    et la chaleur qui travaille sent l'absinthe
    autour de la vigne crépue.

    Même à la forte torpeur les ondes alertes
    courent le long du chemin.
    Dans cette franche contrée, aux forces ouvertes,
    comme le dimanche est certain !

  • Ode

    Dans mon sein, vérité suprême,
    Descends du ciel pour m'éclairer.
    Je veux me connaître moi-même ;
    Il est honteux de s'ignorer.
    Du coeur humain perçons l'abîme ;
    C'est de cette étude sublime
    Que l'homme s'occupe le moins.
    Dans ce coeur porte la lumière :
    Montre-moi la cause première
    Et le vrai but de tous ses soins.

    ...

  • Oh ! ce bonheur
    Si rare et si frêle parfois
    Qu'il nous fait peur

    Nous avons beau taire nos voix
    Et nous faire comme une tente,
    Avec toute ta chevelure,
    Pour nous créer un abri sûr,
    Souvent l'angoisse en nos âmes fermente.

    Mais notre amour étant comme un ange à genoux
    Prie et supplie
    Que l'avenir donne à d'autres que nous
    Même...