• On attend. Nul cœur n’est sombre
    Du grand devoir accepté,
    Car la lutte contre l’ombre
    Finira par la clarté.

    En vain la horde barbare
    A rué son flot vivant,
    Puisque sonne la fanfare
    De nos clairons dans le vent,

    Que les trois couleurs de France
    En un symbole plus beau
    Font flotter notre espérance
    À la hampe du drapeau…

    ...

  • Il m’aima. C’est alors que sa voix adorée
    M’éveilla tout entière et m’annonca l’amour  :
    Comme la vigne aimante en secret attirée
    Par l’ormeau caressant, qu’elle embrasse à son tour,
    Je l’aimai ! D’un sourire il obtenait mon âme.
    Que ses yeux étaient doux ! que j’y lisais d’aveux !
    Quand il brûlait mon cœur d’une si tendre flamme,
    Comment, sans me...

  • Au bout du vieux canal plein de mâts, juste en face
    De l’Océan et dans la dernière maison,
    Assise à sa fenêtre, et quelque temps qu’il fasse,
    Elle se tient, les yeux fixés sur l’horizon.

    Bien qu’elle ait la pâleur des éternels veuvages,
    Sa robe est claire ; et bien que les soucis pesants
    Aient sur ses traits flétris exercé leurs ravages,
    Ses vêtements...

  •  
    Je l’attends dans la plaine sombre ;
    Au loin je vois blanchir une ombre,
    Une ombre qui vient doucement...
    Eh non ! — trompeuse espérance —
    C’est un vieux saule qui balance
    Son tronc desséché et luisant.
     
    Je me penche et longtemps j’écoute :
    Je crois entendre sur la route
    Le son qu’un pas léger produit...
    Non, ce n’est rien !...

  •  
    En cette chambre où meurt un souvenir d’aveux,
    L’odeur de nos jasmins d’hier s’est égarée…
    Pour toi seule je me suis vêtue et parée,
    Et pour toi seule j’ai dénoué mes cheveux.

    J’ai choisi des joyaux… Ont-ils l’heur de te plaire ?
    Dans mon cœur anxieux quelque chose s’est tu…
    Comment t’apparaîtrai-je et que me diras-tu,
    Amie, en franchissant...

  • C’est la vie au ralenti,
    C’est le cœur à rebours,
    C’est une espérance et demie :
    Trop et trop peu à son tour.

    5...

  • Du monde invisible et d'aurore
    Où me guidaient mes anges pieux,
    Qui viendra me rouvrir les yeux ?
    Voici le jour. Je rêve encore.

    Le doux enchantement des airs
    Qui passent sur les roseraies,
    Dans mes prunelles azurées
    Vient comme une aube au fond des mers.

    Heures et choses incertaines ;
    Au loin, dans des bosquets de fleurs,
    ...

  • En la forest de Longue Attente
    Entrée suis en une sente
    Dont oster je ne puis mon cueur,
    Pour quoy je vis en grant langueur,
    Par Fortune qui me tourmente.

    Souvent Espoir chacun contente,
    Excepté moy, povre dolente,
    Qui nuit et jour suis en douleur
    En la forest de Longue Attente.

    Ay je dont tort, se je garmente*
    Plus que nulle...

  • En la forêt de Longue Attente
    Chevauchant par divers sentiers
    M'en vais, cette année présente,
    Au voyage de Desiriers.
    Devant sont allés mes fourriers
    Pour appareiller mon logis
    En la cité de Destinée ;
    Et pour mon coeur et moi ont pris
    L'hôtellerie de Pensée.

    Je mène des chevaux quarante
    Et autant pour mes officiers,
    Voire, par Dieu...

  • Quand je ne te vois pas, le temps m'accable, et l'heure
    A je ne sais quel poids impossible à porter :
    Je sens languir mon coeur, qui cherche à me quitter ;
    Et ma tête se penche, et je souffre et je pleure.

    Quand ta voix saisissante atteint mon souvenir,
    Je tressaille, j'écoute... et j'espère immobile ;
    Et l'on dirait que Dieu touche un roseau débile ;
    ...