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    A-t-on vu, dans les nuits de l'été dévorant,
    Se détacher du ciel un météore errant,
    Qui s'éteint au milieu de sa chute enflammée ?
    Tel est notre destin. L'or et la renommée,
    Le trône, les plaisirs, tous ces fantômes vains
    Qu'adorent, à genoux, les vulgaires humains,
    Rien ne peut à nos lois, par un charme suprême,
    Assujettir le souffle émané de...

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    Long-temps monarque heureux, père, époux adoré,
    De l'Orient soumis Job reçut les hommages :
    Nul monarque jamais, de sa gloire entouré,
    Ne vit autant de jours se lever sans nuages.
    L'infortune eut son tour : mille fléaux divers
    Au sein de ses états confondent leurs ravages ;
    La guerre, au vol sanglant, plane sur ses rivages ;
    La famine la suit...

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    L'astre des nuits se lève. A sa pâle lumière
    Tout change, se confond dans la nature entière ;
    Et mon oeil, entouré de prestiges divers,
    Voit dans l'ombre s'étendre un magique univers.
    Ce rocher sourcilleux n'est plus un bloc informe ;
    C'est un monstre, un géant d'une stature énorme.
    Ces chênes, ces sapins, confusément épars,
    En dômes arrondis,...

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    Pourquoi, me révoltant contre la destinée,
    Déplorer nuit et jour, dans ma plainte obstinée,
    Mes parens, mes amis au tombeau descendus,
    Et la perte de ceux que je n'ai point perdus ?
    Oui, de stériles pleurs pourquoi mouiller leur cendre ?
    Dans un monde éternel ils sont allés m'attendre.
    Ils coulent dans la paix des jours délicieux,
    Et l'astre du...

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    Comme sur la prairie au matin arrosée
    Étincelle et s'épand une fraîche rosée,
    Qui bientôt en vapeurs remonte vers les cieux ;
    Ainsi ma jeune sœur a brillé sous mes yeux.
    Toi que j'appelle en vain, durant la nuit obscure,
    Emma, toi de mon cœur éternelle blessure,
    Hélas ! Où retrouver ton sourire charmant,
    Ton entretien si doux, ton folâtre...

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    Édouard n'était plus : sa volonté suprême
    À la jeune Suffolk léguait le diadême ;
    Mais la sœur d'Edouard, en faveur de ses droits,
    Arme les bataillons de la sombre Tamise :
    Tout fléchit devant elle, et dans Londres soumise
    Ses mains ont ressaisi l'héritage des rois.
    Ô fortune ! ô revers ! Ophélie étonnée
    N'ose s'abandonner à de justes douleurs...

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    Qu'il est puissant, cet Etre architecte des mondes,
    Qui, peuplant du chaos les ténèbres fécondes,
    Fit éclore le jour, fit bouillonner les mers,
    Alluma le soleil, dessina l'univers ;
    Et de ces astres d'or roulant dans leur carrière,
    Prodigua, sous ses pieds, la brillante poussière !
    Où commence, où finit le travail de ses mains ?
    Vers quels...

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    Le Mois voluptueux, par nos champs attendu,
    Sur l'aile des zéphyrs du ciel est descendu :
    Il s'avance, il sourit à la nature entière :
    Ses longs cheveux, tressés de fleurs et de lumière,
    Exhalent, dans les airs, les parfums les plus doux,
    La terre, avec transport, reçoit son jeune époux,
    Et laisse au loin flotter, sur le lit d'Hyménée,
    Sa robe...

  • Ainsi qu'une jeune beauté
    Silencieuse et solitaire,
    Des flancs du nuage argenté
    La lune sort avec mystère.
    Fille aimable du ciel, à pas lents et sans bruit,
    Tu glisses dans les airs où brille ta couronne,
    Et ton passage s'environne
    Du cortège pompeux des soleils de la nuit.
    Que fais-tu loin de nous, quand l'aube blanchissante
    Efface à nos...

  • Roi du monde et du jour, guerrier aux cheveux d'or,
    Quelle main, te couvrant d'une armure enflammée,
    Abandonna l'espace à ton rapide essor,
    Et traça dans l'azur ta route accoutumée ?
    Nul astre à tes côtés ne lève un front rival ;
    Les filles de la nuit à ton éclat pâlissent ;
    La lune devant toi fuit d'un pas inégal,
    Et ses rayons douteux dans les flots...