• Aimer d’un grand amour une grande beauté
    N’est point un culte faux et te garde du blâme,
    Si ton cœur, attendri par cet amour, s’enflamme
    D’un zèle universel de sainte charité.

    La Grâce peut vouloir qu’un Ange ait emprunté
    Pour ton salut les traits d’une angélique Dame,
    Puisque c’est en songeant à ses yeux, que ton âme,
    Affligée ici-bas, songe à l’...

  • J’étais un naufragé qui malgré lui surnage.
    Sur une mer de nacre errant comme deux sœurs,
    Deux îles m’ont offert leurs abris caresseurs ;
    En deux yeux verdoyants j’ai vu ma double image.

    Loin des vieux continents par l’angoisse habités,
    J’ai vécu tout un soir dans deux mouvantes îles ;
    Tout près des ports fleuris de deux chastes asiles,
    En deux...

  • Sur le chemin du bois, par les beaux jours d’été,
    Elles viennent souvent se promener ensemble,
    A l’heure où le soleil, de sa tiède clarté,
    Endort au vent du soir la campagne qui tremble.

    Elles vont en chantant des refrains de chansons ;
    Au milieu des taillis la fraîcheur les attire.
    Elles jettent au loin, à travers les buissons,
    Le tumulte charmant de...

  • Les champs sont comme des damiers
    Teintés partout du blé qui lève.
    Avril a mis sur les pommiers
    Sa broderie exquise et brève.

    Avant que les soleils brutaux
    Aient fait jaunir l’herbe et la branche,
    C’est la gloire de nos coteaux
    D’avoir cette couronne blanche.

    Malgré les feuillages légers,
    Les jardins sont tout nus encore,
    Mais les...

  • Voyez dans l’île au loin ces blés jaunes, mouvants
    Comme un lac d’or fondu sous la chaleur des vents ;
    Chaque onde en est d’une autre avec lenteur suivie
    Et la lourde moisson chante un hymne à la vie.
    Ce spectacle est divin ! — Mais crois-moi cependant,
    Suis la pente du Rhône, ô passager prudent,
    Descends vers la mer bleue aux brises salutaires
    Et fuis...

  • La roule est lente, hélas ! de la ville à la mer
    Et la fatigue est prompte et le pain est amer
    A qui le va gagner dans les cités avares.
    Les poissons à présent, plus maigres et plus rares,

    N’appesantissent plus ma nasse et mon filet
    D’où jadis une proie abondante roulait,
    Espoir d’un riche gain, dans ma barque joyeuse.
    Les Dieux n’assistent plus ma...

  • Par ma lèvre et mes doigts ardemment désirés,
    O tout petits cheveux échappés et rebelles
    Ébauchant sur son front des boucles naturelles
    Qu’au flexible persil un Grec eût comparés !

    Debout à son miroir, de sa main si légère
    Elle prenait plaisir à vous friser encor,
    Et moi je contemplais le riche et noir trésor,
    Cheveux dont les parfums sont perdus pour...

  • Un frémissement fier passe à travers les bois !

    Sous la tiède clarté de la nuit pacifique
    Le vieux peuple debout, dont les chênes sont rois,
    Enfle son âme au vent de leur âme stoïque.

    Et le siècle, le jour, l’heure, l’instant, le mois,
    Unissent tout à coup dans un arome unique
    Mille aromes au loin répandus à la fois.

    Le peuple fraternel aux...

  • Allah lui parle :

    La terre, l’Océan et le ciel sont mon corps ;
    Je suis tous les vivants et je suis tous les morts ;
    Le soleil, ce grand cœur brûlant, est mon cœur même ;
    Je meurs et je renais sans fin, je souffre et j’aime.
    Chacun de vous peut dire, ô rayons...

  • Bien des astres pareils aux foyers palpitants,
    Peut-être les plus beaux que chaque soir allume,
    Dardent un jeune éclat jusque dans notre brume,
    Qui sont des soleils morts, perdus depuis longtemps.

    Ceints des tourbillons nés de leurs flammes fécondes,
    Ils ont si loin de nous accompli leurs destins
    Que la lumière encor de ces globes éteints
    N’a pas...