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    À Madame D.-G. Garon.

    À Percé. ― Le soleil est couché. Tout s’endort
    Sur la plage. La mer à peine se balance
    Autour du Roc géant où lentement commence
    De s’étendre la nuit pâle de Thermidor.

    Déjà les goélands ont ployé leur essor,
    Et le dernier pêcheur vient de rentrer dans l’Anse
    C’est l’heure du souper, et des toits blancs s...

  • En lisant les ci-dessus lignes,
    Je pensai : voilà du « chiqué » ;
    D’autre part, Edison les signe,
    Qui ne passe pas pour toqué.

    Je ne le crois pas davantage
    Un farceur, un mauvais plaisant,
    Un vieillard fou de radotage…
    Quoi qu’il en soit, essayons-en.

    Étant donné son axiome,
    Je dis en mon for : « Voyons voir »
    Si je jouis du moindre...

  • Muse, allons au cabaret,
    C’est le seul endroit potable,
    Mettons nos pieds sur la table
    Et buvons du vin clairet.

    Là. C’est très bien. De la sorte
    Je vois qu’ils sont au complet :
    Mâtin ! Ce joli mollet
    Prouve que tu n’es pas morte.

    Puisque Phébus aujourd’hui
    Au ciel — combien sale et...

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    D’un amour infini vous brûlez pour l’Église,
    Par le flot du progrès vous êtes emporté ;
    En deux sublimes parts votre âme se divise :
    L’une appartient au Christ, l’autre à l’humanité.

    Emparons-nous du sol ! ― voilà votre devise,
    Et, le front rayonnant d’une mâle fierté,
    Vous poursuivez toujours quelque vaste entreprise
    Pour donner du travail au...

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    Barde, à ton large front rayonne la fierté
    Des têtes que le feu de l’idéal entoure,
    Et l’on sent tressaillir sur ton luth enchanté
    Le souffle d’Ossian et le rythme de Moore.

    Pour célébrer les champs, les bois, les vieux castels,
    Pour louer les héros dont on baise la trace,
    Pour chanter les combats et les deuils immortels,
    Tu vibres du frisson...

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    Au fond du bois. Je rêve, assis, distrait, au bord
    D’un ruisselet, humant le capiteux arôme
    Qu’un souffle tropical promène sous le dôme
    Des vieux arbres pensifs et mornes du grand Nord.

    À travers les rameaux le soleil fane et mord
    Les mousses et les fleurs dont l’air dormant s’embaume.
    Sur l’immensité plane un silence de mort.
    Le tronc du...

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    Oh soirs ! derrière le Rhin sombre,
       Sur la Hesse Nassau...
    L’accordéon des chars d’assaut
       Joue la « Valse des Ombres ».

    Et que de pianolas, lointains,
       Berçant le crépuscule :
    « Garibaldi », valses crapules,
       « Marche des Palotins »,

    « Nous avons tous une payse »...
       — Voire ! dit le sergent,
    J’en ai bien deux,...

  • Dans le bassin aux bords tranquilles,

    Les mâts semblent un jeu de quilles
    Debout sur l’eau ;
    La lune est claire et clairs sont les nuages,
    Et les voiles et les cordages
    Laissent sur les cargaisons sombres
    Des longs bateaux

    Tomber leurs ombres.

    Une...
  • La couronne formidable des rois
    En s’appuyant de tout son poids
    Sur un masque de cire
    Semblait broyer, dans ce hall froid,
    Tout un empire.

    Le pâle émail des yeux usés
    S’était fendu en agonies
    Minuscules, mais infinies,
    Sous les sourcils martyrisés.

    Le front avait été l’éclair,

    La couronne formidable des...

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    Au pays de ma reine il est un haut palais,
            Sept piliers dorés le supportent.
    Ma reine, à moi, possède un bandeau de sept perles
            Que mille et mille pierres décorent.

    Et dans le vert jardin, au pays de ma reine,
            La rose et le lis sont éclos ;
    Et parmi l’eau d’argent d’une pure fontaine
            Son beau front mire ses...