• A mon plaisir vous faites feu et basme,
    Parquoi souvent je m'étonne, madame,
    Que vous n'avez quelque ami par amours :
    Au diable l'un, qui fera ses clamours
    Pour vous prier, quand serez vieille lame.

    Or, en effet, je vous jure mon âme,
    Que si j'étais jeune et gaillarde femme,
    J'en aurais un devant qu'il fut trois jours
    A mon plaisir.

    Et...

  • En languissant et en griève tristesse
    Vit mon las coeur, jadis plein de liesse,
    Puisque l'on m'a donné mari vieillard.
    Hélas, pourquoi ? Rien ne sait du vieil art
    Qu'apprend Vénus, l'amoureuse déesse.

    Par un désir de montrer ma prouesse
    Souvent l'assaus : mais il demande : " où est-ce ? ",
    ou dort (peut-être), et mon coeur veille à part
    En...

  • Il est vrai, jeune Iris, que vous savez aimer,
    Et vos regrets en sont d'illustres témoignages ;
    D'un exemple si beau l'on se sent animer,
    Et mille amants depuis vous offrent leurs hommages.
    De vos chagrins, de vos rigueurs,
    De vos soupirs, de vos langueurs,
    Chacun se fait de nouveaux charmes ;
    Puisqu'elle aimait, dit-on, peut-être elle aimera ;
    Heureux...

  • Qui que tu sois, Vivant, passe vite parmi
    L'herbe du tertre où gît ma cendre inconsolée ;
    Ne foule point les fleurs de l'humble mausolée
    D'où j'écoute ramper le lierre et la fourmi.

    Tu t'arrêtes ? Un chant de colombe a gémi.
    Non ! qu'elle ne soit pas sur ma tombe immolée !
    Si tu veux m'être cher, donne-lui la volée.
    La vie est si douce, ah ! laisse-la...

  • Pourquoi, comme une jeune Poutre,
    De travers guignes-tu vers moi ?
    Pourquoi, farouche, fuis-tu outre,
    Quand je veux approcher de toi ?

    Tu ne veux pas que l'on te touche,
    Mais si je t'avais sous ma main,
    Assure-toi que dans la bouche
    Bientôt je t'aurais mis le frein.

    Puis, te voltant à toute bride,
    Soudain je te ferais au cours,
    Et...

  • Ode

    Tu te moques, jeune ribaude :
    Si j'avais la tête aussi chaude
    Que tu es chaude sous ta cotte,
    Je n'aurais besoin de calotte,
    Non plus qu'à ton ventre il ne faut
    De pelisson, tant il est chaud.

    Tous les charbons ardents
    Allument là-dedans
    Le plus chaud de leur braise ;
    Un feu couvert en sort,
    Plus fumeux et plus fort
    ...

  • Icare est chu ici, le jeune audacieux,
    Qui pour voler au Ciel eut assez de courage :
    Ici tomba son corps degarni de plumage,
    Laissant tous braves coeurs de sa chute envieux.

    Ô bienheureux travail d'un esprit glorieux,
    Qui tire un si grand gain d'un si petit dommage !
    Ô bienheureux malheur, plein de tant d'avantage
    Qu'il rende le vaincu des ans...

  • Sur le bord d'un puits très profond
    Dormait étendu de son long
    Un Enfant alors dans ses classes.
    Tout est aux Ecoliers couchette et matelas.
    Un honnête homme en pareil cas
    Aurait fait un saut de vingt brasses.
    Près de là tout heureusement
    La Fortune passa, l'éveilla doucement,
    Lui disant : Mon mignon, je vous sauve la vie.
    Soyez une autre fois plus...

  • La perte d'un époux ne va point sans soupirs.
    On fait beaucoup de bruit, et puis on se console.
    Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole ;
    Le Temps ramène les plaisirs.
    Entre la Veuve d'une année
    Et la veuve d'une journée
    La différence est grande : on ne croirait jamais
    Que ce fût la même personne.
    L'une fait fuir les gens, et l'autre a mille...