Je vais m’asseoir, l’été, devant les plaines vertes,
Solitaire, immobile, enchanté de soleil ;
Ma mémoire dans l’air par d’insensibles pertes
Se vide ; et, comme un sphinx aux prunelles ouvertes,
Je dors étrangement, et voici mon sommeil :

Ma poitrine s’...

 
Que voit-on dans ce champ de pierres ?
Un paysan souffle, épuisé ;
Le hâle a brûlé ses paupières ;
Il se dresse, le dos brisé ;
Il a le regard de la bête
Qui, dételée enfin, s’arrête
Et flaire, en allongeant la tête,
Son vieux bât qu’elle a tant...

 
Il pleut. J’entends le bruit égal des eaux ;
Le feuillage, humble et que nul vent ne berce,
Se penche et brille en pleurant sous l’averse ;
Le deuil de l’air afflige les oiseaux.

La bourbe monte et...

 
Ma femme, apportez-moi vite mon encrier
Et mes plumes, je veux coucher sur le papier
Le rêve éblouissant de grandeur et d’aisance
Que je viens tout d’un coup de faire pour la France
Ainsi que pour le monde !... assis au champ de Mars
Ce matin, je voyais sous...

 
Silène boit. Sa tête est molle sur son cou ;
Dédaigneux d’un soutien, il s’incline et se cambre,
Tend sa coupe en tremblant, lui parle, y goûte l’ambre,
Et vante sa sagesse avec un œil de fou.

Il laisse au gré de l’âne osciller son enflure ;
L’essaim des...

 
Toute haleine s’évanouit,
La terre brûle et voudrait boire,
L’ombre est courte, immobile et noire,
Et la grande route éblouit.

Seules les abeilles vibrantes
Élèvent leurs bourdonnements
Qui semblent, enflés par moments,
Des sons de...

 
C’est, à peu près, Montmartre, en été, les dimanches
Jérusalem rayonne au loin ;
Les gibets sont bien droits sur des dalles bien blanches ;
Le brin d’herbe est fait avec soin ;
Un fort joli sentier conduit à la montagne,
Ceux-ci viennent, ceux-là s’en vont...

 
On dit qu’importuné dans la paix de sa glace
Le mont Blanc voit gravir tous les ans sa paroi
Par des aventuriers pleins d’orgueil et d’effroi,
Et la foule murmure : « A quoi bon cette audace ? »

Là, dans l’éternité, tombe, s’amasse et dort
La neige au morne...

 
Quand chaque nuit d’ardente veille
Avancerait d’un jour ma mort,
Ma volonté serait pareille
D’ébranler le cœur par l’oreille,
Et je mourrais dans un accord.

J’ai bien payé dans ma journée
Le tribut des bras au labour ;
La nuit change ma destinée...

 
Tu seras éternellement,
Qu’on te nomme esprit ou matière ;
Cette vie est un court moment
De l’existence tout entière.

Prends une pierre et brise-la,
Prends les morceaux, mets-les en poudre :
La même pierre est toujours là,
Tu ne peux rien que la...