Nous sommes Carinus et Leucius, deux frères.
Écoutez-nous. Ceux-là seraient trop téméraires
Qui, ne se laissant point troubler par le remords,
Mépriseraient aussi la parole des morts.
Vous disiez : « Que son sang retombe sur nos têtes ! »
Soit. Il en sera fait ainsi, chiens que vous êtes.
Le sang du Christ, le sang terrible et précieux.
Au jour...
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Verbe incréé! source féconde
De justice et de liberté!
Parole qui guéris le monde!
Rayon vivant de vérité!
Est-il vrai que ta voix d'âge en âge entendue,
Pareille au bruit lointain qui meurt dans l'étendue,
N'a plus pour nous guider que des sons impuissants?
Et qu'une voix plus souveraine,
La voix de la parole humaine,
Étouffe à jamais tes... -
Un Christ en croix, saignant, maigre, pâle, livide.
Il est seul, déserté de tous ; le ciel est vide :
Ce ciel qu’il évoquait d’un regard éperdu :
Ne s’est pas entr’ouvert et n’a rien répondu :
Et ce Christ est-il mort dans l’angoisse suprême,
Ayant douté de nous, de douter de Dieu même ? -
En ce temps-là, Jésus était dans la Judée ;
Il avait délivré la femme possédée,
Rendu l’ouïe aux sourds et guéri les lépreux ;
Les prêtres l’épiaient et parlaient bas entre eux.
Comme il s’en retournait vers la ville bénie,
Lazare, homme de bien, mourut à Béthanie.
Marthe et Marie étaient ses sœurs ; Marie, un jour,
Pour laver les pieds nus du maître... -
Tu l'as mal écrasé, Christ, ce reptile immonde
Que toute vérité trouve sur son chemin !
De ses hideux replis il enlace le monde,
Et son dard profond reste aux flancs du genre humain.Tu nous avais promis que l'horrible vipère
Ne renouerait jamais ses livides tronçons,
Que l'homme serait fils, que le Dieu serait père,
Et que tu paierais seul... -
... L'astre qu'à ton berceau le mage vit éclore,
L'étoile qui guida les bergers de l'aurore
Vers le Dieu couronné d'indigence et d'affront,
Répandit sur la terre un jour qui luit encore,
Que chaque âge à son tour reçoit, bénit, adore
Qui dans la nuit des temps jamais ne s'évapore,
Et ne s'éteindra pas quand les cieux s'éteindront !
Ils disent... -
Je remarquais toujours ce grand Jésus de plâtre
Dressé comme un pardon au seuil du vieux couvent,
Echafaud solennel à geste noir, devant
Lequel je me courbais, saintement idolâtre.
Or, l'autre soir, à l'heure où le cri-cri folâtre,
Par les prés assombris, le regard bleu rêvant,
Récitant Eloa, les cheveux dans le vent,
Comme il sied à l'Ephèbe esthétique... -
I
Quand le Seigneur, levant au ciel ses maigres bras
Sous les arbres sacrés, comme font les poètes,
Se fut longtemps perdu dans ses douleurs muettes,
Et se jugea trahi par des amis ingrats ;
Il se tourna vers ceux qui l'attendaient en bas
Rêvant d'être des rois, des sages, des prophètes...
Mais engourdis, perdus dans le sommeil des bêtes,
Et...