• Naples, 1822.

    Si tu pouvais jamais égaler, ô ma lyre,
    Le doux frémissement des ailes du zéphyre
    À travers les rameaux,
    Ou l'onde qui murmure en caressant ces rives,
    Ou le roucoulement des colombes plaintives,
    Jouant aux bords des eaux ;

    Si, comme ce roseau qu'un souffle heureux anime,
    Tes cordes exhalaient ce langage sublime,
    Divin...

  • Viens, cherchons cette ombre propice
    Jusqu'à l'heure où de ce séjour
    Les fleurs fermeront leur calice
    Aux regards languissants du jour.
    Voilà ton ciel, ô mon étoile !
    Soulève, oh ! soulève ce voile,
    Éclaire la nuit de ces lieux ;
    Parle, chante, rêve, soupire,
    Pourvu que mon regard attire
    Un regard errant de tes yeux.

    Laisse-moi...

  • Pourquoi de tes regards percer ainsi mon âme ?
    Baisse, oh ! baisse tes yeux pleins d'une chaste flamme :
    Baisse-les, ou je meurs.
    Viens plutôt, lève-toi ! Mets ta main dans la mienne,
    Que mon bras arrondi t'entoure et te soutienne
    Sur ces tapis de fleurs.

    ............................................

    Aux bords d'un lac d'azur il est une colline...

  • Un jour, le temps jaloux, d'une haleine glacée,
    Fanera tes couleurs comme une fleur passée
    Sur ces lits de gazon ;
    Et sa main flétrira sur tes charmantes lèvres
    Ces rapides baisers, hélas ! dont tu me sèvres
    Dans leur fraîche saison.

    Mais quand tes yeux, voilés d'un nuage de larmes,
    De ces jours écoulés qui t'ont ravi tes charmes
    Pleureront...

  • Pourquoi sous tes cheveux me cacher ton visage ?
    Laisse mes doigts jaloux écarter ce nuage :
    Rougis-tu d'être belle, ô charme de mes yeux ?
    L'aurore, ainsi que toi, de ses roses s'ombrage.
    Pudeur ! honte céleste ! instinct mystérieux,
    Ce qui brille le plus se voile davantage ;
    Comme si la beauté, cette divine image,
    N'était faite que pour les cieux !
    ...

  • I

    Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
    Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
    J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
    Le bois retentissant sur le pavé des cours.

    Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
    Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
    Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
    Mon coeur ne...

  • Le Printemps est évident, car
    Du coeur des Propriétés vertes,
    Le vol de Thiers et de Picard
    Tient ses splendeurs grandes ouvertes !

    Ô Mai ! quels délirants culs-nus !
    Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières,
    Ecoutez donc les bienvenus
    Semer les choses printanières !

    Ils ont shako, sabre et tam-tam,
    Non la vieille boîte à bougies,
    Et des...

  • Moi, je regardais ce cou-là.
    Maintenant chantez, me dit Paule.
    Avec des mines d'Attila,
    Moi, je regardais ce cou-là.
    Puis, un peu de temps s'écoula...
    Qu'elle était blanche, son épaule !
    Moi, je regardais ce cou-là ;
    Maintenant chantez, me dit Paule.

  • De l'époux bien-aimé n'entends-je pas la voix ?
    Oui, pareil au chevreuil, le voici, je le vois.
    Il reparaît joyeux sur le haut des montagnes,
    Bondit sur la colline et passe les campagnes.

    O fortifiez-moi ! mêlez des fruits aux fleurs !
    Car je languis d'amour et j'ai versé des pleurs.
    J'ai cherché dans les nuits, à l'aide de la flamme,
    Celui qui fait ma...

  • Je veille. Ne crains rien. J'attends que tu t'endormes.
    Les anges sur ton front viendront poser leurs bouches.
    Je ne veux pas sur toi d'un rêve ayant des formes
    Farouches ;

    Je veux qu'en te voyant là, ta main dans la mienne,
    Le vent change son bruit d'orage en bruit de lyre.
    Et que sur ton sommeil la sinistre nuit vienne
    Sourire.

    Le poète est...