• Mortel pense quel est dessous la couverture
    D’un charnier mortuaire un cors mangé de vers,
    Descharné, desnervé, où les os descouvers,
    Depoulpez, desnouez, delaissent leur jointure :

    Icy l’une des mains tombe de pourriture,
    Les yeux d'autre costé destournez à l’envers
    Se distillent en glaire, et les muscles divers
    Servent aux vers goulus d’ordinaire...

  • N’est-ce pas la raison que le proffit redonde
    Au lieu duquel il sort ? & que dedans la mer
    Les fleuves ondoyans se viennent renfermer,
    Puisque de la mer mesme ils derivent leur onde ?

    Ce n’est donc point à tort que la terre profonde
    Doit un jour repeter, pourrir, & consumer,
    Ce cors qui ne se peut au bien accoustumer
    Puis que d’elle il a pris...

  • La nuict estoit pour moy si tresobscure,
    Que Terre, & Ciel elle m’obscurissoit,
    Tant, qu’à Midy de discerner figure
    N’avois pouvoir, qui fort me marrissoit :

    Mais quand je vis que l’aulbe apparoissoit
    En couleurs mille & diuerse, & seraine,
    Je me trouvay de liesse si pleine
    (Voyant desjà la clarté a la ronde)
    Que commençay louer a...

  • Objet divin des âmes et des yeux,
        Reine, le chef-d’œuvre des cieux,
    Quels doctes vers me feront avouer
            Digne de te louer ?

    Les monts fameux des vierges que je sers
        Ont-ils des fleurs en leurs déserts,
    Qui, s’efforçant d’embellir ta couleur,
            Ne ternissent la leur ?

    Le Thermodon a vu seoir autrefois
        Des reines...

  • Onc Perle nette en vif, & petit monde
    Son per n’eut tant en sçavoir, & faconde,
    Que ceste n’ayt amoindry, qui gist cy :
    De qui l’esprit par Mort non obscurcy
    Demonstra bien, durant sa maladie
    Quelz sainctz propos, sçavoirs, & melodie
    Elle avoit sceu, & apprins de soymesmes,
    Tant qua sa fin proposa si haultz thesmes,
    Qu’on la...

  • Par ce dizain clerement ie m’accuse
    De ne sçauoir tes vertus honnorer,
    Fors du vouloir, qui est bien maigre excuse :
    Mais qui pourroit par escript decorer
    Ce, qui de soy se peult faire adorer ?

    Ie ne dy pas, si i’auois ton pouuoir,
    Qu’a m'acquicter ne feisse mon debuoir,
    À tout le moins du bien, que tu m’aduoues.

    Preste moy donc ton eloquent...

  • N'espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ;
    Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde
    Que toujours quelque vent empêche de calmer.
    Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre :
            C'est Dieu qui nous fait vivre,
            C'est Dieu qu'il faut aimer.

    En vain, pour satisfaire à nos lâches envies,
    Nous passons près des rois tout le...

  • Les funestes complots des âmes forcenées
    Qui pensaient triompher de mes jeunes années
    Ont d’un commun assaut mon repos offensé.
    Leur rage a mis au jour ce qu’elle avait de pire :
            Certes, je le puis dire ;
    Mais je puis dire aussi qu’ils n’ont rien avancé.
     
    J’étais dans leurs filets, c’était fait de ma vie ;
    Leur funeste rigueur, qui l’...

  • Ô Sagesse éternelle, à qui cet univers
    Doit le nombre infini des miracles divers
    Qu’on voit également sur la terre et sur l’onde !
            Mon Dieu, mon Créateur,
    Que ta magnificence étonne tout le monde !
    Et que le ciel est bas au prix de ta hauteur !

    Quelques blasphémateurs, oppresseurs d’innocents,
    À qui l’excès d’orgueil a fait perdre le sens,...

  • Je ne veulx point icy du maistre d’Alexandre
    Touchant l’art poëtiq’ les preceptes t’apprendre :
    Tu n’apprendras de moy comment joüer il fault
    Les miseres des Roys dessus un eschafault :
    Je ne t’enseigne l’art de l’humble comoedie,
    Ny du Mëonien la Muse plus hardie :
    Bref je ne montre icy d’un vers Horatien
    Les vices et vertuz du poëme ancien :
    ...