Les funestes complots des âmes forcenées
Qui pensaient triompher de mes jeunes années
Ont d’un commun assaut mon repos offensé.
Leur rage a mis au jour ce qu’elle avait de pire :
Certes, je le puis dire ;
Mais je puis dire aussi qu’ils n’ont rien avancé.
J’étais dans leurs filets, c’était fait de ma vie ;
Leur funeste rigueur, qui l’avait poursuivie,
Méprisait le conseil de revenir à soi ;
Et le coutre aiguisé s’imprime sur la terre
Moins avant que leur guerre
N’espérait imprimer ses outrages sur moi.
Dieu, qui de ceux qu’il aime est la garde éternelle,
Me témoignant contre eux sa bonté paternelle,
A selon mes souhaits terminé mes douleurs.
Il a rompu leur piège ; et, de quelque artifice
Qu’ait usé leur malice,
Ses mains, qui peuvent tout, m’ont dégagé des leurs.
La gloire des méchants est pareille à cette herbe
Qui, sans porter jamais ni javelle ni gerbe,
Croît sur le toit pourri d’une vieille maison.
On la voit sèche et morte aussitôt qu’elle est née ;
Et vivre une journée
Est réputé pour elle une longue saison.
Bien est-il malaisé que l’injuste licence
Qu’ils prennent chaque jour d’affliger l’innocence
En quelqu’un de leurs vœux ne puisse prospérer :
Mais tout incontinent leur bonheur se retire,
Et leur honte fait rire
Ceux que leur insolence avait fait soupirer.