• Je voudrais bien être vent quelquefois
    Pour me jouer aux cheveux d’Uranie,
    Puis être poudre aussitôt je voudrais,
    Quand elle tombe en sa gorge polie.

    Soudain encor je me souhaiterais
    Pouvoir changer en cette toile unie
    Qui va couvrant ce beau corps que je dois
    Nommer ma mort aussitôt que ma vie.

    Ces changements plairaient à mon désir,
    ...

  • Je vous offre ces vers qu’Amour m'a fait écrire,
    De vos yeux ses flambeaux ardemment agité,
    Non pour sacrer ma peine à l'immortalité :
    Car à si haut loyer ma jeunesse n'aspire.

    C'est le but de mes vœux, que je vous fasse lire
    Le variable état de ma captivité,
    Célébrant vos honneurs si je suis bien traité,
    Accusant vos rigueurs si je sens du martyre...

  • LE JUGEMENT DERNIER [1][2]

    Un jour de comble en fond les rochers crouleront,
    Les monts plus sourcilleux de peur se dissoudront,
    Le ciel se crèvera, les plus basses campagnes
    ...


  • ...


  • ...

  •       Louez Dieu par toute la terre,
          Non pour la crainte du tonnerre
          Dont il menace les humains,
    Mais pource que sa gloire en merveilles abonde,
    Et que tant de beautés qui reluisent au monde
          Sont les ouvrages de ses mains.

          Sa providence libérale
          Est une source générale
          Toujours prête à nous arroser.
    L’...

  • Ma nef passe au destroit d’une mer couroucée,
    Toute comble d’oubly, l’hiver à la minuict ;
    Un aveugle, un enfant, sans soucy la conduit,
    Desireux de la voir sous les eaux renversée.

    Elle a pour chaque rame une longue pensée
    Coupant, au lieu de l’eau, l’espérance qui fuit ;
    Les vents de mes soupirs, effroyables de bruit,
    Ont arraché...

  •  
    Maintenant que l'Amour renaît heureusement
    Et qu'à ce beau printemps il commande qu'on plante
    D'un Mai long et dressé la désirable plante
    Il faut suivre l'arrêt de son commandement.

    J'ai un Mai long et gros et fort également,
    Poussant devers le haut une verdeur plaisante,
    Qui frisonne sa cime en tout temps verdoyante
    Et qui se peut planter...

  • Si vous lisez ceste œuvre toute entiere,
    Arrestez vous, sans plus, à la matiere,
    En excusant la rhythme et le langage,
    Voyant que cest d'une femme l'ouvrage,
    Qui n'a en soy science, ne sçavoir,
    Fors un desir, que chacun puisse voir
    Que fait le don de DIEU le Createur,
    Quand il luy plaist justifier un cœur :
    Quel est le cœur d'un homme, quant à...

  • Mon Jour était assis tout auprès d’une,
    L’entretenant à l’aise, et à repos,
    D’affection non autre, que commune,
    Mais comme on vient d’un à autre propos.
     Voici Amour sur eux gai, et dispos,
    Portant un arc, et traits à la Grégeoise,
    Lequel lâcha deux mots à la Bourgeoise,
    Et au partir lui dit : callimera !
    Lors soupeçon en mon cœur mit grand...