•  
    LE POÈTE

    C’est à moi qu’appartient le plus jeune des dieux !
    La flûte doit céder au chant mélodieux.
    Que cette Phrygienne à la voix trop hardie
    Résonne sans troubler la sainte mélodie
    Et, comme une servante, accompagne le chœur.
    J’exalterai le dieu qui fait bondir mon cœur ;
    Celui que Sémélé, paie, heureuse, éblouie,
    Ayant reçu de Zeus...

  • C’est toi, divin Bacchus, dont je chante la gloire :
    Nymphes, faites silence, écoutez mes concerts.
          Qu’un autre apprenne à l’univers
    Du fier vainqueur d’Hector la glorieuse histoire ;
          Qu’il ressuscite, dans ses vers,
    Des enfants de Pélops l’odieuse mémoire :
    Puissant dieu des raisins, digne objet de nos vœux,
          C’est à toi seul que je...

  •  

    Ô Bacchus Lydien, dont la barbe est frisée,
    J’aime ton front tranquille orné d’un cercle d’or,
    Tandis qu’à quelques pas, humide de rosée,
    La déesse des fleurs sous la brise se tord.

    La main, que l’œil devine et que la robe cache,
    Entre ses seins pointus presse des lis mouillés ;
    Et frissonnant à l’air, le torse se détache
    De l’étoffe aux plis...

  • Que n'ai-je comme Bacchus
    Cette puissance divine !
    Jaloux, vous seriez vaincus
    Par une feuille de vigne.
    Ma Rozette me tiendrait,
    Mais tout en votre présence,
    Et douce me baiserait.
    Que n'ai-je cette puissance ?

    Je deviendrais beau raisin,
    Elle, sans être aperçue,
    Me mangerait grain à grain,
    Devant sa mère déçue.
    En raisin...

  • Viens, ô divin Bacchus, ô jeune Thyonée,
    Ô Dionyse, Évan, Iacchus et Lénée ;
    Viens, tel que tu parus aux déserts de Naxos,
    Quand ta voix rassurait la fille de Minos.
    Le superbe éléphant, en proie à ta victoire,
    Avait de ses débris formé ton char d'ivoire.
    De pampres, de raisins mollement enchaîné,
    Le tigre aux lares flancs de taches sillonné,
    Et le...