• Qu’avec une valeur à nulle autre seconde,
    Et qui seule est fatale à notre guérison,
    Votre courage mûr en sa verte saison
    Nous ait acquis la paix sur la terre et sur l’onde :

    Que l’hydre de la France en révoltes féconde,
    Par vous soit du tout morte, ou n’ait plus de poison,
    Certes, c’est un bonheur dont la juste raison
    Promet à votre front la couronne...

  • Enfant aveugle, nain, qui n'as autre prouësse,
    Sinon en trahison quelque flesche tirer,
    Qui n'as autre plaisir sinon de deschirer
    En cent pieces les coeurs de la folle jeunesse ;

    Le corps sans honte nud si ton pere te laisse,
    Il monstre qu'on se doit loing de toy retirer,
    Qui n'as rien que les coeurs que tu peux attirer
    Par les traistres appas de...

  • Si contre Amour je n'ay autre deffence,
    Je m'en plaindray, mes vers le maudiront,
    Et apres moy les roches rediront
    Le tort qu'il faict à ma dure constance.

    Puis que de luy j'endure cette offence,
    Au moings tout haut, mes rithmes le diront,
    Et nos neveus, a lors qu'ilz me liront,
    En l'outrageant, m'en feront la vengeance.

    Ayant perdu tout l'...

  • Tandis que dedans l'air un autre air je respire,
    Et qu'à l'envy du feu j'allume mon desir,
    Que j'enfle contre l'eau les eaux de mon plaisir,
    Et que me colle à Terre un importun martyre,

    Cest air tousjours m'anime, et le desir m'attire,
    Je recerche à monceaux les plaisirs à choisir,
    Mon martyre eslevé me vient encor saisir,
    Et de tous mes travaux le...

  • Contente-toi d'un point :
    Tu es, je n'en mens point,
    Trop chaude à la curée ;
    Un coup suffit, la nuit,
    L'ordinaire qui suit
    Est toujours de durée.

    De reins faibles je suis,
    Relever je ne puis :
    Un cheval de bon être,
    Qui au montoir se plaît,
    Sans un nouveau surcroît
    Porte toujours son maître.

    Le nombre plus parfait
    ...

  • Ô quel ennui à ceux de départir
    Où ferme amour ne peut être offensée ;
    Laquelle vient toutefois nous partir
    Joie et douleur en secrète pensée.
    Il est bien vrai que n'est pas compensée
    La joie au mal qu'un chacun de nous porte.
    Mais sûre foi de tant nous réconforte
    Qu'il n'y a temps, longue absence ou demeure
    Qui puisse clore à nos désirs la porte...

  • Autant comme l'on peut en un autre langage
    Une langue exprimer, autant que la nature
    Par l'art se peut montrer, et que par la peinture
    On peut tirer au vif un naturel visage :

    Autant exprimes-tu, et encor davantage,
    Avecques le pinceau de ta docte écriture,
    La grâce, la façon, le port et la stature
    De celui qui d'Énée a décrit le voyage.
    ...

  • De quelque autre sujet que j'écrive, Jodelle,
    Je sens mon coeur transi d'une morne froideur,
    Et ne sens plus en moi cette divine ardeur
    Qui t'enflamme l'esprit de sa vive étincelle.

    Seulement quand je veux toucher le los de celle
    Qui est de notre siècle et la perle et la fleur,
    Je sens revivre en moi cette antique chaleur,
    Et mon esprit lassé...