• A quoi passer la nuit quand on soupe en carême ?
    Ainsi, le verre en main, raisonnaient deux amis.
    Quels entretiens choisir, honnêtes et permis,
    Mais gais, tels qu'un vieux vin les conseille et les aime ?

    RODOLPHE

    Parlons de nos amours ; la joie et la beauté
    Sont mes dieux les plus chers, après la liberté.
    Ébauchons, en trinquant, une joyeuse...

  • Telle de l'Angelus, la cloche matinale
    Fait dans les carrefours hurler les chiens errants,
    Tel ton luth chaste et pur, trempé dans l'eau lustrale,
    Ô George, a fait pousser de hideux aboiements,

    Mais quand les vents sifflaient sur ta muse au front pâle,
    Tu n'as pu renouer tes longs cheveux flottants ;
    Tu savais que Phébé, l'Étoile virginale
    Qui...

  • Bonjour, Suzon, ma fleur des bois !
    Es-tu toujours la plus jolie ?
    Je reviens, tel que tu me vois,
    D'un grand voyage en Italie.
    Du paradis j'ai fait le tour ;
    J'ai fait des vers, j'ai fait l'amour.
    Mais que t'importe ? (Bis.)
    Je passe devant ta maison ;
    Ouvre ta porte.
    Bonjour, Suzon !

    Je t'ai vue au temps des lilas.
    Ton coeur...

  • Lorsque la coquette Espérance
    Nous pousse le coude en passant,
    Puis à tire-d'aile s'élance,
    Et se retourne en souriant ;

    Où va l'homme ? Où son coeur l'appelle.
    L'hirondelle suit le zéphyr,
    Et moins légère est l'hirondelle
    Que l'homme qui suit son désir.

    Ah ! fugitive enchanteresse,
    Sais-tu seulement ton chemin ?
    Faut-il donc que le...

  • Ô Rhin, sais-tu pourquoi les amants insensés,
    Abandonnant leur âme aux tendres rêveries,
    Par tes bois verdoyants, par tes larges prairies
    S'en vont par leur folie incessamment poussés ?

    Sais-tu pourquoi jamais les tristes railleries,
    Les exemples d'hier, ni ceux des temps passés,
    De tes monts adorés, de tes rives chéries,
    Ne les ont fait descendre...

  • Sonnet

    Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
    Pour savoir, après tout, ce qu'on aime le mieux,
    Les bonbons, l'Océan, le jeu, l'azur des cieux,
    Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

    Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
    Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d'adieux.
    Puis le coeur s'aperçoit qu'il est...

  • Dans dix ans d'ici seulement,
    Vous serez un peu moins cruelle.
    C'est long, à parler franchement.
    L'amour viendra probablement
    Donner à l'horloge un coup d'aile.

    Votre beauté nous ensorcelle,
    Prenez-y garde cependant :
    On apprend plus d'une nouvelle
    En dix ans.

    Quand ce temps viendra, d'un amant
    Je serai le parfait modèle,...

  • Prince, les assassins consacrent ta puissance.
    Ils forcent Dieu lui-même à nous montrer sa main.
    Par droit d'élection tu régnais sur la France;
    La balle et le poignard te font un droit divin.

    De ceux dont le hasard couronna la naissance,
    Nous en savons plusieurs qui sont sacrés en vain.
    Toi, tu l'es par le peuple et par la Providence;...

  • Ainsi, mon cher, tu t'en reviens
    Du pays dont je me souviens
    Comme d'un rêve,
    De ces beaux lieux où l'oranger
    Naquit pour nous dédommager
    Du péché d'Ève.

    Tu l'as vu, ce ciel enchanté
    Qui montre avec tant de clarté
    Le grand mystère ;
    Si pur, qu'un soupir monte à Dieu
    Plus librement qu'en aucun lieu
    Qui soit sur terre.
    ...

  • Rondeau

    Dans son assiette arrondi mollement,
    Un pâté chaud, d'un aspect délectable,
    D'un peu trop loin m'attirait doucement.
    J'allais à lui. Votre instinct charitable
    Vous fit lever pour me l'offrir gaiement.

    Jupin, qu'Hébé grisait au firmament,
    Voyant ainsi Vénus servir à table,
    Laissa son verre en choir d'étonnement
    Dans son...