•         Inconstance, affreux sentiment,
            Je t’implorais, je te déteste.
    Si d’un nouvel amour tu me fais un tourment,
    N’est-ce pas ajouter au tourment qui me reste ?
        Pour me venger d’un cruel abandon,
    Offre un autre secours à ma fierté confuse ;
    Tu flattes mon orgueil, tu séduis ma raison ;
    Mais mon cœur est plus tendre, il échappe à ta ruse...

  •         Dans la paix triste et profonde
            Où me plongeait ce séjour,
            J’ignorais qu’au bruit du monde
            On peut oublier l’amour :
    Quelle est donc cette voix importune et cruelle
    Qui déjà me détrompe avec un ris moqueur ?
    Comme une flèche aiguë elle siffle autour d’elle,
    Et le trait qu’elle porte a déchiré mon cœur.

            Au...

  • Qu’est-ce donc qui me trouble, et qu’est-ce que j’attends ?
    Je suis triste à la ville, et m’ennuie au village ;
                Les plaisirs de mon âge
    Ne peuvent me sauver de la longueur du temps.

    Autrefois l’amitié, les charmes de l’étude
    Remplissaient sans effort mes paisibles loisirs.
    Oh ! quel est donc l’objet de mes vagues désirs ?
    Je l’ignore, et...

  • Je ne veux pas dormir. Ô ma chère insomnie !
            Quel sommeil aurait ta douceur ?
    L’ivresse qu’il accorde est souvent une erreur,
    Et la tienne est réelle, ineffable, infinie.
    Quel calme ajouterait au calme que je sens ?
    Quel repos plus profond guérirait ma blessure ?
    Je n’ose pas dormir ; non, ma joie est trop pure ;
            Un rêve en distrairait...

  • Quoi ! ce n’est plus pour lui, ce n’est plus pour l’attendre,
    Que je vois arriver ces jours longs et brûlants ?
    Ce n’est plus son amour que je cherche à pas lents ?
    Ce n’est plus cette voix si puissante, si tendre,
    Qui m’implore dans l’ombre, ou que je crois entendre ?
    Ce n’est plus rien ? Où donc est tout ce que j’aimais ?
    Que le monde est désert ! n’y...

  • Ne t’en va pas, reste au rivage ;
    L’amour le veut, crois-en l’amour.
    La mort sépare tout un jour :
    Tu fais comme elle ; ah ! quel courage !

    Vivre et mourir au même lieu,
    Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! »

    Quitter l’amour pour l’opulence !
    Que faire seul avec de l’or ?
    Si tu reviens, vivrai-je encor ?
    Entendras-tu dans mon...

  • Me voici... je respire à peine !
    Une feuille m’intimidait ;
    Le bruit du ruisseau m’alarmait ;
    ...

  •         Hélas ! que voulez-vous de moi,
        Lettres d’amour, plaintes mystérieuses ?
    Vous dont j’ai repoussé longtemps avec effroi
            Les prières silencieuses,
    Vous m’appelez ... je rêve, et je cherche, en tremblant,
    Sur mon cœur, une clef qui jamais ne s’égare :
    D’un éclair l’intervalle à présent nous sépare ;
            Mais cet intervalle est...

  •                   Ah ! ce n’est pas aimer que prendre sur soi-même
                      De pouvoir vivre ainsi loin de l’objet qu’on aime.
                                                  ANDRÉ CHÉNIER.

    Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire ;
    Je ne suis plus le charme de ses yeux ;
    Ma voix n’a plus l’...

  • Qui m’appelle à cette heure, et par le temps qu’il fait ?
    C’est une douce voix, c’est la voix d’une fille :
    Ah ! je te reconnais ; c’est toi, Muse gentille !
            Ton souvenir est un bienfait.
    Inespéré retour ! aimable fantaisie !
    Après un an d’exil, qui t’amène vers moi ?
    Je ne t’attendais plus, aimable Poésie ;
    Je ne t’attendais plus, mais je...