• Le couchant dardait ses rayons suprêmes
    Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
    Les grands nénuphars entre les roseaux
    Tristement luisaient sur les calmes eaux.
    Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie
    Au long de l'étang, parmi la saulaie
    Où la brume vague évoquait un grand
    Fantôme laiteux se désespérant
    Et pleurant avec la voix des sarcelles
    ...

  • Je t'adore. Soyons deux heureux. Viens t'asseoir
    Dans une ombre qui soit un peu semblable au soir.
    Marchons bien doucement. Sois pensive. Sois lasse.
    Profitons du moment où personne ne passe ;
    Entrons dans le hallier, cachés par les blés mûrs.

    Que ne puis-je élever brusquement quatre murs
    Ici, dans ce coin chaste, et d'un coup de baguette !
    La...

  • Le calme des jardins profonds s'idéalise.
    L'âme du soir s'annonce à la tour de l'église ;
    Ecoute, l'heure est bleue et le ciel s'angélise.

    A voir ce lac mystique où l'azur s'est fondu,
    Dirait-on pas, ma soeur, qu'un grand coeur éperdu
    En longs ruisseaux d'amour, là-haut, s'est répandu ?

    L'ombre lente a noyé la vallée indistincte.
    La cloche, au...

  • La terre souriait au ciel bleu. L'herbe verte
    De gouttes de rosée était encor couverte.
    Tout chantait par le monde ainsi que dans mon coeur.
    Caché dans un buisson, quelque merle moqueur
    Sifflait. Me raillait-il ? Moi, je n'y songeais guère.
    Nos parents querellaient, car ils étaient en guerre
    Du matin jusqu'au soir, je ne sais plus pourquoi.
    Elle cueillait des...

  • Sonnet

    Sous ces arbres chéris, où j'allais à mon tour
    Pour cueillir, en passant, seul, un brin de verveine,
    Sous ces arbres charmants où votre fraîche haleine
    Disputait au printemps tous les parfums du jour ;

    Des enfants étaient là qui jouaient alentour ;
    Et moi, pensant à vous, j'allais traînant ma peine ;
    Et si de mon chagrin vous êtes...