Quand j'approche de vous, et que je prends l'audace
De regarder vos yeux, rois de ma liberté,
Une ardeur me saisit, je suis tout agité,
Et mille feux ardents en mon coeur prennent place.
Hélas ! pour mon salut que faut-il que je fasse,
Sinon vous éloigner contre ma volonté ?
Je le fais ; toutefois, je n'en suis mieux traité,
Car, si j'étais en feu...
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Amour, tais-toi, mais prends ton arc ;
Car ma biche belle et sauvage,
Soir et matin, sortant du parc,
Passe toujours par ce passage.
Voici sa piste, ô la voilà !
Droit à son coeur dresse ta vire,
Et ne faux point ce beau coup-là,
Afin qu'elle n'en puisse rire.
Hélas ! qu'aveugle tu es bien !
Cruel, tu m'as frappé pour elle.
Libre... -
Ah ! prends un coeur humain, laboureur trop avide.
Lorsque d'un pas tremblant l'indigence timide
De tes larges moissons vient, le regard confus,
Recueillir après toi les restes superflus,
Souviens-toi que Cybèle est la mère commune.
Laisse la probité que trahit la fortune,
Comme l'oiseau du ciel, se nourrir à tes pieds
De quelques grains épars sur la terre... -
Esprit royal, qui prends de lumière éternelle
Ta seule nourriture et ton accroissement,
Et qui de tes beaux rais en notre entendement
Produis ce haut désir qui au ciel nous rappelle,
N'aperçois-tu combien par ta vive étincelle
La vertu luit en moi ? n'as-tu point sentiment
Par l'oeil, l'ouïe, l'odeur, le goût, l'attouchement,
Que sans toi ne reluit...