• Celuy quiconque apprend à mourir constamment
    Des-aprent à servir, & ny à violence,
    Torture, ny prison dont l’extreme souffrance
    Rompe de ses desseins le stable fondement.

    Mediter à la mort, cest le commencement
    De vivre en liberté ; douteusement balance
    Sans resolution, jouet de l’inconstance
    Celuy qui du trespas redoute le torment.

    L’...

  •  
    La fourmi demanda quelque soir à la rose ;
    « Pourquoi faut-il mourir ? » La belle fleur frémit :
    « Je ne le sais, fourmi, lui dit-elle et je n’ose
    Songer à cet instant où tout sombre et finit.

    Va demander au chêne ; il te dira peut-être
    Pourquoi, s’il faut mourir, il faut quand même naître. »
    La fourmi s’en alla vers le chêne géant :
    « On doit...

  • XIV

    Les trois sœurs ont voulu mourir
    Elles ont mis leurs couronnes d’or
    Et sont allées chercher leur mort.

    S’en sont allées vers la forêt :
    « Forêt, donnez-nous notre mort,
    Voici nos trois couronnes d’or. »

    La forêt se mit à sourire
    Et leur donna douze baisers
    Qui leur montrèrent l’avenir.

    Les trois sœurs ont...

  • Mais si faut-il mourir ! et la vie orgueilleuse,
    Qui brave de la mort, sentira ses fureurs ;
    Les Soleils haleront ces journalieres fleurs,
    Et le temps crevera ceste ampoule venteuse.

    Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
    Sur le verd de la cire esteindra ses ardeurs ;
    L'huile de ce Tableau ternira ses couleurs,
    Et ses flots se rompront à la...

  • Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois
    À la mort d'un oiseau, quelque part, dans les bois.
    Pendant les tristes jours de l'hiver monotone,
    Les pauvres nids déserts, les nids qu'on abandonne,
    Se balancent au vent sur un ciel gris de fer.
    Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l'hiver !
    Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,
    Nous ne...

  • Je veux mourir pour tes beautés, Maîtresse,
    Pour ce bel oeil, qui me prit à son hain,
    Pour ce doux ris, pour ce baiser tout plein
    D'ambre et de musc, baiser d'une Déesse.

    Je veux mourir pour cette blonde tresse,
    Pour l'embonpoint de ce trop chaste sein,
    Pour la rigueur de cette douce main,
    Qui tout d'un coup me guérit et me blesse.

    Je veux...

  • On voit mourir toute chose animée,
    Lors que du corps l'âme subtile part.
    Je suis le corps, toi la meilleure part :
    Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ?

    Ne me laissez par si long temps pâmée,
    Pour me sauver après viendrais trop tard.
    Las ! ne mets point ton corps en ce hasard :
    Rends-lui sa part et moitié estimée.

    Mais fais, Ami, que ne soit...

  • ... Tout cela qui sent l'homme à mourir me convie,
    En ce qui est hideux je cherche mon confort :
    Fuyez de moi, plaisirs, heurs, espérance et vie,
    Venez, maux et malheurs et désespoir et mort !

    Je cherche les déserts, les roches égarées,
    Les forêts sans chemin, les chênes périssants,
    Mais je hais les forêts de leurs feuilles parées,
    Les séjours...

  • Hé bien ! je consens de mourir.
    Aussi bien l'espoir de guerir
    Me flateroit en vain des douceurs de la vie.
    Je n'ay plus qu'un moment à desplaire à vos yeux ;
    Vous allez voir, belle Silvie,
    Quand je ne seray plus, si vous en serez mieux.

  • Un soir plein de pourpres et de fleuves vermeils
    Pourrit, par au-delà des plaines diminuées,
    Et fortement, avec les poings de ses nuées,
    Sur l'horizon verdâtre, écrase des soleils.
    Saison massive! Et comme Octobre, avec paresse
    Et nonchaloir, se gonfle et meurt dans ce décor
    Pommes ! caillots de feu ; raisins ! chapelets d'or,
    Que le doigté tremblant des...