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    De la psycologie un soir prenant la lampe,
    J’osai, seul, m’avancer jusqu’au bord de la rampe
    D’où l’on voit tout au fond vivre le cœur humain.
    Je bondis en arrière à moitié du chemin,
    Frissonnant, éperdu, pâle, les lèvres blanches,
    Comme lorsque vers vous viennent les avalanches ;
    Le vertige faisait tourbillonner mon front,

    Tant l’abîme à mes...

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    Notre âme, ce cloaque ignoré de la sonde,
    Transparaît louchement dans le visage humain ;
    — Tel un étang sinistre au long d’un vieux chemin
    Dissimule sa boue au miroir de son onde.

    Si la face de l’homme et de l’eau taciturne
    Réfléchit quelquefois des lueurs du dedans,
    C’est toujours à travers des lointains très prudents,
    Comme un falot perdu...

  • Ô Songe humain et divin tout ensemble,
    Qui le vouloir nous révèle des Dieux,
    Quand un sommeil plaisant et gracieux
    Entre mes bras tous mes désirs assemble,

    Lorsque du faux la vérité me semble,
    Nul plus que moi ne se peut dire heureux,
    Croyant tenir ce que j'aime le mieux ;
    Frustré du tout, en m'éveillant je tremble.

    Arrête donc, ô Songe...

  • Tirer du ver l'éclat et l'ornement des Rois,
    Rendre par les couleurs une toile parlante,
    Emprisonner le temps dans sa course volante,
    Graver sur le papier l'image de la voix ;

    Donner aux corps de bronze une âme foudroyante,
    Sur les cordes d'un luth faire parler les doigts
    Savoir apprivoiser jusqu'aux monstres des bois,
    Brûler avec un verre une...

  • Ah ! prends un coeur humain, laboureur trop avide.
    Lorsque d'un pas tremblant l'indigence timide
    De tes larges moissons vient, le regard confus,
    Recueillir après toi les restes superflus,
    Souviens-toi que Cybèle est la mère commune.
    Laisse la probité que trahit la fortune,
    Comme l'oiseau du ciel, se nourrir à tes pieds
    De quelques grains épars sur la terre...

  • Dans la clarté plénière et ses rayons soudains
    Brûlant, jusques au coeur, les ramures profondes,
    Femmes dont les corps nus brillent en ces jardins,
    Vous êtes des fragments magnifiques du monde.

    Au long des buis ombreux et des hauts escaliers,
    Quand vous passez, joyeusement entrelacées,
    Votre ronde simule un mouvant espalier
    Chargé de fruits pendus...