• Oui — me dit monsieur Bertillon,
    Prince de l’anthropométrie,
    En fixant sur ma seigneurie
    Ses petits yeux d’émerillon —

    L’invention est assez drôle
    De ces empreintes de baiser.
    J’ai même cru l’utiliser
    Pendant un temps — pour mon contrôle.

    Je me disais : c’est à creuser…
    — Encore que soit chimérique
    Tout ce qui nous vient d’Amérique...

  •  
     Plus de fois, dans tes bras charmants
     Captif, j'ai béni mes prisons,
     Que le ciel n'a de diamants ;
     Et pour tes noires trahisons
     J'ai versé plus de pleurs amers
     Que n'en tient le gouffre des mers.

     Mes chants ailés, je te les dois !
     Plus haineuse que les bourreaux,
     Mon cœur a saigné sous tes doigts ;
     Mais que de fois, comme...

  • Sonnez, sonnez haut sur la joue,
    Baisers de la franche amitié,
    Comme un fils de neuf ans qui joue,
    Petit tapageur sans pitié.

    Baiser du respect qui s’imprime
    À la porte du cœur humain,
    Comme avec l’aile d’une rime,
    Effleurez à peine la main ;

    Baiser d’affection armée,
    De la mère au cœur noble et fier
    Sur le front de la tête aimée,...

  • Mille baisers perdus, mille et mille faveurs,
    Sont autant de bourreaux de ma triste pensée,
    Rien ne la rend malade et ne l'a offensée
    Que le sucre, le ris, le miel et les douceurs.

    Mon coeur est donc contraire à tous les autres coeurs,
    Mon penser est bizarre et mon âme insensée
    Qui fait présente encor' une chose passée,
    Crevant de désespoir le fiel...

  • Je meurs, ô doux baisers, et sens dedans mon âme
    Éteindre mon amour, brandon après brandon,
    Et prête de voler sur le bord où Charon
    Blesse le sein des eaux de son ancienne rame.

    Et puis je sens encore, en vous baisant, Madame,
    Dé mes terribles maux la douce guérison,
    Ne baisant plus, je meurs, puis en votre giron
    Rebaisant je sens bien revivre et...

  • Sous ces tilleuls qui nous prêtent leur ombre,
    Tu me promis cent baisers l'autre jour ;
    Tu me les a donnés, mais sans passer leur nombre,
    Eh ! Quel nombre, dis moi, peut suffire à l'amour ?
    Lorsque Cérès enrichit la nature,
    Sait-elle donc, trop avare Thaïs,
    Le compte de tous les épis
    Dont elle orne sa chevelure ?
    Flore au hasard va semant ses bouquets,...

  • Les baisers morts des défuntes années
    Ont mis leur sceau sur ton visage,
    Et, sous le vent morne et rugueux de l'âge,
    Bien des roses, parmi tes traits, se sont fanées.

    Je ne vois plus ta bouche et tes grands yeux
    Luire comme un matin de fête,
    Ni, lentement, se reposer ta tête
    Dans le jardin massif et noir de tes cheveux.

    Tes mains chères...