• La femme ? une enfant presque, et le mari ? plus vieux.
    Mais, tous deux, courts, et roux de chevelures, d’yeux,
    Présentant l’un de l’autre à peu près même image,
    S’appareillaient. L’amour les rendait du même âge.

    Ces charbonniers des bois, visage et mains noircis,
    S’adoraient, travaillant, marchant, debout, assis,
    Du regard, du sourire, échangeaient leur...

  • Il est de par le monde une vierge proscrite,
    Etre toujours maudit & toujours redouté,
    Fuyant sous les clameurs d’une foule hypocrite
    Qui peut tout lui ravir, hors l’immortalité.

    Elle est belle, & pourtant son radieux visage
    S’assombrit, traversé par des plis soucieux :
    On dirait un superbe & morne paysage
    Où l’ombre se répand sur l’or...

  • O mes amants,
    Simples natures,
    Mais quels tempéraments !
    ...

  • Auprès de cette grotte sombre
    Où l’on respire un air si doux,
    L’onde lutte avec les cailloux,
    Et la lumière avecque l’ombre.

    Ces flots lassés de l’exercice
    Qu’ils ont fait dessus ce gravier,
    Se reposent dans ce vivier
    Où mourut autrefois Narcisse.

    C’est un des miroirs où le Faune
    Vient voir si son teint cramoisi,
    Depuis que l’amour...

  • Auprès de cette grotte sombre
    Où l'on respire un air si doux
    L'onde lutte avec les cailloux
    Et la lumière avecque l'ombre.

    Ces flots lassés de l'exercice
    Qu'ils ont fait dessus ce gravier
    Se reposent dans ce vivier
    Où mourut autrefois Narcisse.

    C'est un des miroirs où le faune
    Vient voir si son teint cramoisi
    Depuis'que l'...

  • Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
    Des divans profonds comme des tombeaux,
    Et d'étranges fleurs sur des étagères,
    Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

    Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
    Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
    Qui réfléchiront leurs doubles lumières
    Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

    Un...

  • Aujourd'hui l'espace est splendide !
    Sans mors, sans éperons, sans bride,
    Partons à cheval sur le vin
    Pour un ciel féerique et divin !

    Comme deux anges que torture
    Une implacable calenture,
    Dans le bleu cristal du matin
    Suivons le mirage lointain !

    Mollement balancés sur l'aile
    Du tourbillon intelligent,
    Dans un délire parallèle,...

  • Etaient-ils malheureux, Esprits qui le savez !
    Dans les trois derniers jours qu'ils s'étaient réservés ?
    Vous les vîtes partir tous deux, l'un jeune et grave,
    L'autre joyeuse et jeune. Insouciante esclave,
    Suspendue au bras droit de son rêveur amant,
    Comme à l'autel un vase attaché mollement,
    Balancée en marchant sur sa flexible épaule
    Comme la harpe juive à...

  • L'amour fut de tout temps un bien rude Ananké.
    Si l'on ne veut pas être à la porte flanqué,
    Dès qu'on aime une belle, on s'observe, on se scrute ;
    On met le naturel de côté ; bête brute,
    On se fait ange ; on est le nain Micromégas ;
    Surtout on ne fait point chez elle de dégâts ;
    On se tait, on attend, jamais on ne s'ennuie,
    On trouve bon le givre et la...