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    Comme une ville qui s’allume
    Et que le vent vient d’embraser,
    Tout mon cœur brûle et se consume,
    J’ai soif, oh ! j’ai soif d’un baiser.

    Baiser de la bouche et des lèvres
    Où notre amour vient se poser,
    Plein de délices et de fièvres,
    Ah ! j’ai soif, j’ai soif d’un baiser !

    Baiser multiplié que l’homme
    Ne pourra jamais épuiser,...

  • I

    L'aurore s'allume ;
    L'ombre épaisse fuit ;
    Le rêve et la brume
    Vont où va la nuit ;
    Paupières et roses
    S'ouvrent demi-closes ;
    Du réveil des choses
    On entend le bruit.

    Tout chante et murmure,
    Tout parle à la fois,
    Fumée et verdure,
    Les nids et les toits ;
    Le vent parle aux chênes,
    L'eau parle aux...

  • Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
    S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
    Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
    De leurs ondes sur nos baisers silencieux.

    Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
    Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
    Voluptueusement berçons notre faiblesse
    Dans l'océan du soir...

  • C'est la bonne heure où la lampe s'allume :
    Tout est si calme et consolant, ce soir,
    Et le silence est tel, que l'on entendrait choir
    Des plumes.

    C'est la bonne heure où, doucement,
    S'en vient la bien-aimée,
    Comme la brise ou la fumée,
    Tout doucement, tout lentement.

    Elle ne dit rien d'abord - et je l'écoute ;
    Et son âme, que j'entends...