• II

    Hélas ! c'est l'ignorance en colère. Il faut plaindre
    Ceux que le grand rayon du vrai ne peut atteindre.,
    D'ailleurs, qu'importe, ami ! l'honneur est avec nous.
    Oui, plains ces insulteurs acceptant à genoux
    L'horrible paix qui prend la France en sa tenaille !
    Que leur ingratitude imbécile s'en aille
    Devant l'histoire,...

  • LA LYRE

    Dors, ô fils d'Apollon ! ses lauriers te couronnent,
    Dors en paix ! Les neuf Soeurs t'adorent comme un roi ;
    De leurs choeurs nébuleux les Songes t'environnent ;
    La lyre chante auprès de toi !

    LA HARPE

    Éveille-toi, jeune homme, enfant de la misère !
    Un rêve ferme au jour tes regards obscurcis,
    Et pendant ton sommeil, un indigent, ton...

  • I

    Ma vie entre déjà dans l’ombre de la mort,
    Et je commence à voir le grand côté des choses.
    L’homme juste est plus beau, terrassé par le sort ;
    Et les soleils couchants sont des apothéoses.

    Brutus vaincu n’a rien dont s’étonne Caton ;
    Morus voit Thraséas et se laisse proscrire ;
    Socrate, qu’Anitus fait boire au Phlégéthon,...

  • Le divin Mahomet enfourchait tour à tour
    Son mulet Daïdol et son âne Yafour ;
    Car le sage lui-même a, selon l’occurrence,
    Son jour d’entêtement et son jour d’ignorance.

  •  

    Les chambres de torture étaient d’âpres demeures ;
    On n’y passait jamais plus de quatre ou cinq heures,
    Et l’on entrait jeune homme et l’on sortait vieillard.
    Le juge pour le code et le bourreau pour l’art
    ...

  • Ils se battent — combat terrible ! — corps à corps.
    Voilà déjà longtemps que leurs chevaux sont morts ;
    Ils sont là seuls tous deux dans une île du Rhône,
    Le fleuve à grand bruit roule un flot rapide et jaune,
    Le vent trempe en sifflant les brins d’herbe dans l’eau.
    L’archange saint Michel attaquant Apollo
    Ne ferait pas un choc plus étrange et plus sombre ;...

  • II

    Au milieu des forêts, asiles des chouettes,
    Où chuchotent tout bas les feuilles inquiètes,
    Dans les halliers, que semble emplir un noir dessein,
    Pour le doux nouveau-né qui frissonne à son sein,
    Pour le tragique enfant qu'elle emporte effarée,
    Dès qu'elle voit la nuit croître, sombre marée,
    Dès que les loups obscurs...

  • III

    Ainsi, peuple aux efforts prodigieux enclin,
    Ainsi, terre de Penn, de Fulton, de Franklin,
    Vivante aube d'un monde, ô grande république,
    C'est en ton nom qu'on fait vers l'ombre un pas oblique !
    Trahison ! par Berlin vouloir Paris détruit !
    Au nom de la lumière encourager la nuit !
    Quoi ! de la liberté faire une renégate...

  • Ils me disent : hier deux bricks se sont perdus
    La nuit sur des bas-fonds près du Mont-aux-Pendus.
    Et moi, levant le doigt vers la funèbre cime,
    Je leur dis : vous venez tuer devant l’abîme.
    Pourquoi voulez-vous donc qu’il soit meilleur que vous ?
    Les flots sont insensés, mais les hommes sont fous.
    Vous donnez le mauvais exemple aux mers sauvages ;
    ...

  •  
    À l'heure où le soleil descend tiède et pâli,
    Seul à seul, près du bois de Saint-Jean-d'Angely,
    L'archevêque Bertrand parlait au roi Philippe :

    — Roi, le trône et l'autel sont le même principe ;
    Défendons-nous ensemble ; il faut de tous côtés
    Du front du peuple obscur chasser les nouveautés.
    Sauver l'Église, ô roi, c'est vous sauver vous-même....