• II

    Et voilà donc les jours tragiques revenus !
    On dirait, à voir tant de signes inconnus,
    Que pour les nations commence une autre hégire.

    Pâle Alighieri, toi, frère de Cynégire,
    O sévères témoins, ô justiciers égaux,
    Penchés, l'un sur Florence et l'autre sur Argos,
    Vous qui fîtes, esprits sur qui l'aigle se pose,
    Ces...

  •  
    Si je pouvais voir, ô patrie,
    Tes amandiers et tes lilas,
    Et fouler ton herbe fleurie,
    Hélas !

    Si je pouvais, ― Mais, ô mon père,
    Ô ma mère, je ne peux pas, ―
    Prendre pour chevet votre pierre,
    Hélas !

    Dans le froid cercueil qui vous gêne,
    Si je pouvais vous parler bas,
    Mon frère Abel, mon frère Eugène,
    Hélas !

    ...

  • XII

    La terre est au soleil ce que l'homme est à l'ange.
    L'un est fait de splendeur; l'autre est pétri de fange.
    Toute étoile est soleil; tout astre est paradis.
    Autour des globes purs sont les mondes maudits;
    Et dans l'ombre, où l'esprit voit mieux que la lunette,
    Le soleil paradis traîne l'enfer planète.
    L'ange habitant de l'...

  • VI

    « - Il est enjoint au sieur Hugo de par le roi
    De quitter le royaume. » - Et je m'en vais. Pourquoi ?
    Pourquoi ? mais c'est tout simple, amis. Je suis un homme
    Qui, lorsque l'on dit : Tue ! hésite à dire : Assomme !
    Quand la foule entraînée, hélas ! suit le torrent,
    Je me permets d'avoir un avis différent ;
    Le talion me...

  •  
    J'étais seul près des flots, par une nuit d'étoiles.
    Pas un nuage aux cieux, sur les mers pas de voiles.
    Mes yeux plongeaient plus loin que le monde réel.
    Et les bois, et les monts, et toute la nature,
    Semblaient interroger dans un confus murmure
       Les flots des mers, les feux du ciel.

    Et les étoiles d'or, légions infinies,
    A voix haute, à...

  • V

    Falkenfels, qu'on distingue au loin dans la bruine,
    Est le burg démoli d'un vieux comte en ruine.
    Je voulus voir le burg et l'homme. Je montai
    La montagne, à travers le bois, un jour d'été.
    On rencontre à mi-côte, en un ravin tombée,
    Une vieille chapelle où court le scarabée ;
    Nul curé n'y venant prier, elle croula ;...

  •  
    À chaque coin de rue
    Le travailleur surpris
    Sur l’affiche se rue
    Des candidats d’Paris
    On voit beaucoup d’promesses
    Écrites sur le papier
    Mais l’peuple ne vit pas d’messes
    Alors ça l’fait crier

    Refrain :
    L’gouvernement d’Ferry
    Est un système pourri
    Ceux d’Floch...

  • La voyez-vous passer, la nuée au flanc noir ?
    Tantôt pâle, tantôt rouge et splendide à voir,
    Morne comme un été stérile ?
    On croit voir à la fois, sur le vent de la nuit,
    Fuir toute la fumée ardente et tout le bruit
    De l'embrasement d'une ville.

    D'où vient-elle ? des cieux, de la mer ou des monts ?
    Est-ce le char de feu qui porte les démons
    À...

  • XI

    Pauvre femme ! son lait à sa tête est monté.
    Et, dans ses froids salons, le monde a répété,
    Parmi les vains propos que chaque jour emporte,
    Hier, qu’elle était folle, aujourd’hui, qu’elle est morte ;
    Et, seul au champ des morts, je...

  • " Oh ! dis-moi, tu veux fuir ? et la voile inconstante
    Va bientôt de ces bords t'enlever à mes yeux ?
    Cette nuit j'entendais, trompant ma douce attente,
    Chanter les matelots qui repliaient leur tente.
    Je pleurais à leurs cris joyeux.

    " Pourquoi quitter notre île ? En ton île étrangère,
    Les cieux sont-ils plus beaux ? a-t-on moins de douleurs ?
    Les...