• Le soleil de juillet flétrit la marguerite
    Et pèse lourdement au front du bouton d’or.
    La brise au plus profond des bois muets s’abrite :
    Le soleil luit toujours, le soleil luit encor !

    Dans les prés à demi desséchés, rien ne bouge ;
    Pas un bruit n’interrompt le sommeil des échos.
    Les faucheurs sont couchés au bord du sainfoin rouge,
    Marqué de traits...

  • N’avoir qu’une pensée et ne pouvoir la dire,
    Souffrir d’un mal unique et n’oser le montrer,
    Et sentir en son cœur les nœuds se resserrer,
    Et voir de devant soi l’espoir qui se retire !

    — Chaque jour vient plus lourd et plus vide s’en va ;
    Comme au soir, sur la plage, après la grande houle
    Le flot de ma jeunesse à petit bruit s’écoule ;
    Le ciel s’est...

  • Le char de Savitri par le silence noir
    Fait poudroyer de feu sa route solennelle.
    Au front de l’Imaüs l’Aube tente son aile
    Jusqu’au baiser du dieu pleine de nonchaloir.

    Savitri créateur, Soleil, vaincu du soir,
    A flot va s’épancher le jour de ta prunelle.
    Le brahmane t’implore et le lotus t’appelle,
    L’un pour le rayon d’or et l’autre pour l’espoir....

  • La droite en votre sein, retiré dans la tente
    Que forme autour de vous l’eau des nuages noirs,
    Vous vous taisez, Seigneur ! votre gloire éclatante
    Ne fendra-t-elle plus les sacrés réservoirs ?

    Vos ennemis, portant l’orgueil sur leurs visages,
    Ne cachent même plus leur fond d’iniquité ;
    Jamais vos serviteurs n’ont subi plus d’outrages :
    Comme eux tous...

  • Enseveli dans l’herbe verte
    Sur la lisière d’un grand bois,
    Je recueille, l’oreille ouverte,
    Tous les chants et toutes les voix.

    Tandis que dans un ciel d’opale
    Le soleil rouge disparaît ;
    Souvent je penche mon front pâle
    Vers le sol noir de la forêt.

    Et les yeux fixés sur la mousse,
    Spectacle charmant et profond,
    Je regarde l’herbe...

  • Le train stoppa ; c’était la station de Sèvres.

    Assis dans mon wagon, la cigarette aux lèvres,
    En jetant un regard dehors, je remarquai,
    Près de la porte en bois ouverte sur le quai,
    Un groupe de trois sœurs vraiment presque pareilles :
    Mêmes cheveux au vent derrière les oreilles,
    Mêmes chapeaux à fleurs, mêmes robes d’été,
    Même air de bonne humeur et...

  • La femme de Danton, douce même à la mort,
    Paisible elle s’est endormie
    Comme un lac par un soir sans brise ou dans un port
    Une voile en pleine accalmie.

    Quoi ! cette âme, la joie aimante du foyer...

  • Ma mère, je n’aurai ni l’épouse semblable
    A la vigne appuyée au mur de la maison,
    Ni les enfants rangés tout autour de la table
    Tels que des oliviers dans leur jeune saison.

    Béni par le Très-Haut, l’homme simple et robuste
    S’accroît et s’enrichit, et ses greniers sont pleins.
    Il est dit, non de tous, mais seulement du Juste :
    « Il mangera le fruit des...

  • Si tu disais : « Elle est sur l’Alpe nébuleuse
    Ou dans le fond des mers la fleur que je voudrais » ;
    J’irais te la chercher, cette fleur fabuleuse,
    Dans la mer, dans le ciel, et te l’apporterais !

    S’il te fallait mon sang, tout mon sang pour te plaire,
    Tes beaux petits pieds blancs, je les y baignerais.
    Oui, si tu me disais dans un jour de colère :
    « ...

  • Oh ! refaire des vers, laisser le rire éclore,
    Retrouver frais et purs les rêves d’autrefois,
    Reprendre ma jeunesse au printemps, à l’aurore,
    Et refleurir soudain avec l’œillet des bois !

    Puis, lorsque sur muon front redressé la ramure
    Jettera son réseau mêlé d’ombre et de jour,
    Que chaque nid aura son hymne ou son murmure,
    Rouvrir soudain mon cœur au...