Ta colère triomphe, ô Kâla ! nul refuge.
Bleue encor des poisons de l’océan lacté,
Ta sombre gorge avait amassé le déluge.

Telle qu’un grand ravin par Marût habité,
Ta narine profonde a soufflé la tourmente
Sur l’incendie issu de ton œil irrité.

Où sont les...

Il n’avait qu’un habit vert,
Un mince habit tout en loques,
Et ses dents claquaient l’hiver,
Comme un pendant de breloques.

Loin des boulevards sablés
Il traînait par la ruelle
Ses vieux souliers éculés
Et sa pensée immortelle.

On l’a vu passer...

Poet: Jules Forni

Allongeant dans l’air vide un regard hébété,
Les pingouins sont groupés aux pointes des presqu’îles,
Et la mer saute autour de ces spectres tranquilles,
Immobiles témoins de sa mobilité.

On ne les verra pas s’élancer dans l’orage,
Car leurs pauvres moignons ne...

Voici la saison fraîche et rose
Où, se levant dans un ciel pur,
Le soleil jeune et blond arrose
Les pâleurs moites de l’azur.

L’Hiver, accroupi dans la pose
D’un vieux mendiant contre un mur,
Grelotte à l’Occident morose
Que remplit un brouillard obscur...

Je ne pensais à rien, pas même à mon remords.
Allongé dans mon lit, je savourais l’absence
Des rêves que le jour contre mon impuissance
Lâche, comme un cheval à qui l’on ôte un mors.

Ils laissaient reposer, enfin ! ma plaie intime,
Car le soleil, au fond des...

La seule chose que j’envie,
C’est de sentir autour de moi
Frémir l’insulte de la vie
Pour en tirer un peu d’émoi.

Salut donc, printemps dont le livre
M’offre un martyrologe sûr,
Salut, cher bourreau qui me livre
Au vaste dédain de l’azur.

Partout...

Toutes, portant l’amphore, une main sur la hanche,
Théano, Callidie, Amymone, Agavé,
Esclaves d’un labeur sans cesse inachevé,
Courent du puits à l’urne où l’eau vaine s’épanche.

Hélas ! le grès rugueux meurtrit l’épaule blanche,
Et le bras faible est las du...

Tous ceux qui s’appelaient en se tendant les bras,
Grands éplorés toujours loin de leurs Eurydices,
Martyres des exils plus longs que les supplices,
Cher ange de la Mort, tu les rapprocheras.

Tu sculptes dans l’éther de bien beaux Alhambras,
Pour y perpétuer nos...

Là-bas, au flanc d’un mont couronné par la brume,
Entre deux noirs ravins roulant leurs frais échos,
Sous l’ondulation de l’air chaud qui s’allume,
Monte un bois toujours vert de sombres filaos.
Pareil au bruit lointain de la mer sur les sables,
Là-bas, dressant d’...

Poet: Léon Dierx

Dans Vérone, la belle et l’antique guerrière,
Il est de grands tombeaux, où, tout bardés de fer,
Muets, et les deux mains jointes pour la prière,
Sur leurs écus sculptés gisent les Scaliger.

Rigidement serrés dans leur robe de pierre,
Sur leur front fatigué par l’...