• À Jocelyn Bargoin.

    En mai, par une pure et chaude après-midi,
    Je cheminais au bord d doux fleuve attiédi
    Où se réfléchissait la fuite d’un nuage.
    Je suivais lentement le chemin de halage
    Tout en fleurs, qui descend en pente vers les eaux.
    Des peupliers à droite, à gauche des roseaux ;
    Devant moi, les détours de la...

  •  
    À André Gide.

    Le vieux village était rempli de roses
    et je marchais dans la grande chaleur
    et puis ensuite dans la grande froideur
    de vieux chemins où les feuilles s'endorment.

    Puis je longeai un mur long et usé ;
    c'était un parc où étaient de grands...

  • Un mois s'ensauve, un autre arrive.
    Le temps court comme un lévrier.
    Déjà le roux genévrier
    A grisé la première grive.
    Bon soleil, laissez-vous prier,
    Faites l'aumône !
    Donnez pour un sou de rayons.
    Faites l'aumône
    A deux pauvres vieux papillons.

    La poudre d'or qui nous décore
    N'a pas perdu toutes couleurs,
    Et malgré l'averse...

  • Tous imberbes alors, sur les vieux bancs de chêne
    Plus polis et luisants que des anneaux de chaîne,
    Que, jour à jour, la peau des hommes a fourbis,
    Nous traînions tristement nos ennuis, accroupis
    Et voûtés sous le ciel carré des solitudes,
    Où l'enfant boit, dix ans, l'âpre lait des études.
    C'était dans ce vieux temps, mémorable et marquant,
    Où forcés d...

  • (Chanson)

    Dans ce temps-là, je n'avais rien,
    Rien du tout dans mon escarcelle,
    Et ma lyre était tout mon bien ;
    Dans ce temps-là je n'avais rien
    Que de grands trous à mon pourpoint
    Et le coeur de ma damoiselle.
    Dans ce temps-là je n'avais rien,
    Rien du tout dans mon escarcelle.

    J'allais chanter dans les manoirs
    La geste du...

  • Si je le parle, à coeur de jour,
    Au pays, avec les miens, comme
    Au grand siècle tout gentilhomme
    Le parlait aux abbés de cour,
    C'est... Ains seulement par amour.

    Ce français vieillot qu'on dédaigne,
    Il est natif d'un haut Poitou
    Et d'un lointain Paris itou.
    Ces termes, que le chaume enseigne,
    Ce sont des termes de Montaigne.
    ...

  • Oh ! si l'homme naissait deux fois à la lumière,
    Que je tenterais peu les destins du nocher !
    Et de quel soin plus doux que ma chaîne première,
    J'attacherais mes jours au seuil de la chaumière
    Comme l'huître au rocher.

    Non, je ne suivrais plus une proue écumante
    Qui broie en poudre d'or les flots étincelants,
    Et je n'épierais plus, de la vague...

  • Je suis un pâle enfant du vieux Paris, et j'ai
    Le regret des rêveurs qui n'ont pas voyagé.
    Au pays bleu mon âme en vain se réfugie,
    Elle n'a jamais pu perdre la nostalgie
    Des verts chemins qui vont là-bas, à l'horizon.
    Comme un pauvre captif vieilli dans sa prison
    Se cramponne aux barreaux étroits de sa fenêtre
    Pour voir mourir le jour et pour le voir...

  • Antonio di Sandro orefice.

    Le vaillant Maître Orfèvre, à l'oeuvre dès matines,
    Faisait, de ses pinceaux d'où s'égouttait l'émail,
    Sur la paix niellée ou sur l'or du fermail
    Épanouir la fleur des devises latines.

    Sur le Pont, au son clair des cloches argentines,
    La cape coudoyait le froc et le camail ;
    Et le soleil montant en un ciel de...

  • Je suis tel qu'un ponton sans vergues et sans mâts,
    Aventureux débris des trombes tropicales,
    Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales,
    Sur une mer sans borne et sous de froids climats.

    Les vents sifflaient jadis dans ses raille poulies.
    Vaisseau désemparé qui ne gouverne plus,
    Il roule, vain jouet du flux et du reflux,
    L'ancien explorateur des...