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    Era la donzella ornata dî sembianze mirabili, di leggiadro
    conlegno, di voce molle, d’insinuante loquela.
    A. VERRI.

    La jeune fille était parée d’une merveilleuse beauté, d’un
    gracieux maintien, d’une voix douce, d’une séduisante parole.

     

    Que de ses blonds anneaux ton beau front se dégage ;
    Au ciel, jeune Mary, lève tes grands...

  • Écrit sur un Ronsard.

    A Tolède, c’était une ancienne coutume
    Qu’avant de prendre enfin le titre d’ouvrier,
    Pendant toute une nuit, chaque élève armurier
    Veillât près du fourneau qui rougeoie et qui fume.

    Il façonnait alors un chef-d’œuvre d’acier
    Souple comme un marteau, léger comme une plume,
    Et gravait...

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    En ces temps où le corps éclôt pour s’avilir,
    Où des races le sang fatigué dégénère,
    Tu nous épargneras, Suzanne, enfant prospère,
    De voir en toi la fleur du genre humain pâlir.

    Deux artistes puissants sont jaloux d’embellir
    En toi l’âme immortelle et l’argile éphémère :
    Le dieu de la nature et celui de ta mère ;
    L’un travaille à t’orner, et l...

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    SONNET, qui dis beaucoup en prenant peu d’espace,
    Goutte d’essence en un flacon de cristal pur ;
    Humble bijou d’argent ouvragé d’un art sûr,
    Qui restes, quand l’éclat hautain de l’ode passe ;

    Jeu fin de poésie où l’esprit se délasse ;
    Petit tableau de maître enfermant tout l’azur ;
    Chose pleine et légère ainsi qu’un épi mûr ;
    Etroit sonnet où...

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    Fort
    Belle,
    Elle
    Dort ;

    Sort
    Frêle !
    Quelle
    Mort !

    Rose
    Close,
    La

    Brise
    L’a
    Prise.

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    Mère des cauchemars amoureux et funèbres,
    Madone des voleurs, complice des tripots,
    Ô nuit, qui fais gémir les hiboux, tes suppôts,
    Dans le recueillement de tes froides ténèbres,

    Que tu couvres de poix opaque ou que tu zèbres
    Les objets las du jour et friands de repos,
    Je t’aime, car tu rends mon esprit plus dispos,
    Et tu calmes mon cœur, mon...

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    Tu planas sans fatigue à la voûte infinie,
    Comme sur notre nuit un astre radieux,
    Toi qui fus le plus noble, et modulas le mieux
    Hosanna triomphal et plainte d’agonie !

    Frémissante d’extase, ou pleurant les adieux,
    Ta muse, en nous versant l’enivrante harmonie,
    Nous entraîne au vertige éblouissant des cieux,
    Dans la pleine lumière où brilla...

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    Alors que finissait la journée estivale,
    Nous marchions, toi pendue à mon bras, moi rêvant
    À ces mondes lointains dont je parle souvent.
    Aussi regardais-tu chaque étoile en rivale.

    Au retour, à l’endroit où la côte dévale,
    Tes genoux ont fléchi sous le charme énervant
    De la soirée et des senteurs qu’avait le vent.
    Vénus, dans l’ouest doré, se...

  • Amis, si vous voulez que je trouve un condor,
    M’envoyer de Neuilly jusque dans Eckenfoerde
    C’est vouloir à coup sûr que ma peine se perde
    Car je ne l’aurais pas, même pour son poids d’or.

    Je n’entendis jamais la musique de Spohr,
    Et comme à Waterloo Cambronne, je dis « merde »
    Tout aussi carrément à Spohr qu’à ...

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    Dans notre vie âcre et fiévreuse
    Ta splendeur étrange apparaît,
    Phare altier sur la côte affreuse ;
    Et te voir est joie et regret.

    Car notre âme que l’ennui creuse
    Cède enivrée à ton attrait,
    Et te voudrait la reine heureuse
    D’un monde qui t’adorerait.

    Mais tes yeux disent, Sidonie,
    Dans leur lumineuse ironie
    Leur...