• L'ombre s'évapore,
    Et déjà l'aurore
    De ses rayons dore
    Les toits d'alentour ;
    Les lampes pâlissent,
    Les maisons blanchissent,
    Les marchés s'emplissent
    On a vu le jour.

    De la Villette,
    Dans sa charrette,
    Suzon brouette
    Ses fleurs sur le quai,
    Et de Vincenne
    Gros Pierre amène
    Ses fruits que traîne
    Un âne...

  • En tous lieux, la foule
    Par torrents s'écoule ;
    L'un court, l'autre roule ;
    Le jour baisse et fuit ;
    Les affaires cessent,
    Les dîners se pressent,
    Les tables se dressent,
    Il est bientôt nuit.

    Là, je devine
    Poularde fine
    Et bécassine
    Et dindon truffé ;
    Plus loin, je hume
    Salé, légume,
    Cuits dans l'écume
    D'un boeuf...

  • Ah, Curnonsky, non plus que l'aube,
    N'était bien rigolo
    Il regardait le fil de l'eau.
    C'était avant les Taube.

    Et moi j'apercevais - pourtant
    Qu'on fût loin de Cythère -
    Un objet singulier. Mystère :
    C'est un éléphant.

    Notre maison étant tout proche,
    On le prit avec nous.
    Il mettait, pour chercher des sous
    Sa trompe dans ma...

  • Paris n'a de beauté qu'en son histoire,
    Mais cette histoire est belle tellement !
    La Seine est encaissée absurdement,
    Mais son vert clair à lui seul vaut la gloire.

    Paris n'a de gaîté que son bagout,
    Mais ce bagout, encor qu'assez immonde,
    Il fait le tour des langages du monde,
    Salant un peu ce trop fade ragoût.

    Paris n'a de sagesse que...

  • 0 ma si fragile compagne,
    Puisque nous souffrons à Paris,
    Envolons-nous dans la campagne
    Au milieu des gazons fleuris.

    Loin, bien loin des foules humaines,
    Où grouillent tant de c?urs bourbeux,
    Allons passer quelques semaines
    Chez les peupliers et les boeufs.

    Fuyons les viles courtisanes
    Aux flancs de marbre, aux doigts crochus,...

  • Ô ville, tu feras agenouiller l'histoire.
    Saigner est ta beauté, mourir est ta victoire.
    Mais non, tu ne meurs pas. Ton sang coule, mais ceux
    Qui voyaient César rire en tes bras paresseux,
    S'étonnent : tu franchis la flamme expiatoire,
    Dans l'admiration des peuples, dans la gloire,
    Tu retrouves, Paris, bien plus que tu ne perds.
    Ceux qui t'assiègent,...

  • à la nuit tombante


    L'Occident était blanc, l'Orient était noir ;
    Comme si quelque bras sorti des ossuaires
    Dressait un catafalque aux colonnes du soir,
    Et sur le firmament déployait deux suaires.

    Et la nuit se fermait ainsi qu'une prison.
    L'oiseau mêlait sa plainte au frisson de la plante.
    J'allais. Quand je levai mes yeux vers l'...

  • Midi chauffe et sème la mousse ;
    Les champs sont pleins de tambourins ;
    On voit dans une lueur douce
    Des groupes vagues et sereins.

    Là-bas, à l'horizon, poudroie
    Le vieux donjon de saint Louis ;
    Le soleil dans toute sa joie
    Accable les champs éblouis.

    L'air brûlant fait, sous ses haleines
    Sans murmures et sans échos,
    Luire...

  • (extrait)

    ... J'accuse la Misère, et je traîne à la barre
    Cet aveugle, ce sourd, ce bandit, ce barbare,
    Le Passé ; je dénonce, ô royauté, chaos,
    Tes vieilles lois d'où sont sortis les vieux fléaux !
    Elles pèsent sur nous, dans le siècle où nous sommes,
    Du poids de l'ignorance effrayante des hommes ;
    Elles nous changent tous en frères ennemis ;...

  • Sur cette place je m'ennuie,
    Obélisque dépareillé ;
    Neige, givre, bruine et pluie
    Glacent mon flanc déjà rouillé ;

    Et ma vieille aiguille, rougie
    Aux fournaises d'un ciel de feu,
    Prend des pâleurs de nostalgie
    Dans cet air qui n'est jamais bleu.

    Devant les colosses moroses
    Et les pylônes de Luxor,
    Près de mon frère aux...