• J’ai laissé de mon sein de neige
    Tomber un œillet rouge à l’eau.
    Hélas ! comment le reprendrai-je
    Mouillé par l’onde du ruisseau ?
    Voilà le courant qui l’entraîne !
    Bel œillet aux vives couleurs,
    Pourquoi tomber dans la fontaine ?
    Pour t’arroser j’avais mes pleurs !

  • Qu’elle est belle avec ses grands yeux,
    Ses yeux profonds, mystérieux
    Comme le ciel où se déplie
    L’ombre des soirs silencieux !
    Un amour insensé me lie !

    Neige blanche des hauts sommets,
    Son âme froide n’a jamais
    Compris les tourments de ma vie :
    O morts paisibles, désormais
    C’est à vous que je porte envie !

    Ainsi je racontais mes...

  •  
    On dirait que la Terre a bu le sang des lis
    Et d’un deuil éclatant voile cette hécatombe,
    Car déjà la blancheur des marbres clôt la tombe
    Où dorment pour longtemps ces doux ensevelis.

    Je t’adore, ô pâleur des vierges trépassées
    Dans l’éblouissement des rêves amoureux,
    Emportant dans l’azur les essors douloureux
    De leur âme pareille aux...

  •  

    La bruine toujours pleure
    Sur notre sol consterné ;
    Le soleil piteux demeure
    De brouillards enfariné.

    La neige, fourrure blanche,
    Ourle le rebord des toits ;
    Elle poudre chaque branche
    De la perruque des bois.

    Sous son linceul elle enferme
    Les plus lointains horizons ;
    À la barbe du Dieu Terme
    Elle suspend des glaçons...

  •  
    La neige astucieuse et le silence adroit
    Ont immobilisé au bout de l’avenue
    Vulcain jaloux et Mars surpris et Vénus nue.
    La Déesse est couchée et l’Amant se tient droit.

    Les blancs flocons qui emmaillent le marbre froid
    Ont assourdi le guet, le pas et la venue
    Et semé des poils blancs dans la barbe chenue
    De l’Époux outragé de sa honte qu’il...

  •  

    JE te salue, ô Reine immaculée et fine,
    Souveraine que vêt un long manteau d’hermine !

    Tu t’es vue à ma vitre, et ma vitre, en hommage,
    A retenu captif ton radieux visage !

    O Reine de blancheur, si fragile et si douce,
    Le sol noir sous tes pas fleurit de blanche mousse !

    Le Vent porte ta traîne et balance tes voiles,
    La Nuit pose à ton...

  • Avec ma brune, dont l’amour
    N’eut jamais d’odieux manège,
    Par la vitre glacée, un jour,
    Je regardais tomber la neige.

    Elle tombait lugubrement,
    Elle tombait oblique et forte.
    La nuit venait et, par moment,
    La rafale poussait la porte.

    Les arbres qu’avait massacrés
    Une tempête épouvantable,
    Dans leurs épais manteaux nacrés
    ...

  • La neige tombe, indiscontinûment,
    Comme une lente et longue et pauvre laine,
    Parmi la morne et longue et pauvre plaine.
    Froide d’amour, chaude de haine.

    La neige tombe, infiniment,
    Comme un moment —
    Monotone — dans un moment ;
    La neige choit, la neige tombe,
    Monotone, sur les maisons
    Et les granges et leurs cloisons ;...

  •  
    I

    Le soleil de décembre est disparu sans flammes.
    Il neige. C’est Noël. Le mystère des cieux
    Donne, en la grande paix du soir silencieux,
    La blancheur à la terre et la lumière aux âmes.

    L’onde qu’en pur cristal l’abîme constella,
    Veut embellir la nuit de la très sainte fête ;
    C’est le rêve éthéré de l’espace, qui jette
    Sur les sombres...

  •  
    Hibernas juvat exercere palestras.
    C. CALCAGNINUS.

    Déjà depuis deux jours la piquante froidure
    Enchaînait des ruisseaux la course et le murmure ;
    Et les troupeaux frileux, chassés par la saison,
    Semblaient avoir aux champs oublié leur toison :
    Il neigeait. Mélœnis, blanche fille de l’Onde,
    Au-dessus...