RÉCITATIF

Le temple de Sion était dans le silence ;
Les saints hymnes dormaient sur les harpes de Dieu ;
Les foyers odorants que l'encensoir balance
S'éteignaient; et l'encens, comme un nuage immense,
S'élevait en rampant sur les murs du...

 
LE poète dort : l’oiseau chante.
Mais, près du poète endormi,
La voix de l’oiseau, plus touchante,
Garde quelque chose d’ami.

Le poète est mort : la fleur brille.
Mais, près du poète, la fleur,
Dans la goutte d’eau qui scintille
Garde quelque...

Autour du toit qui nous vit naître
Un pampre étalait ses rameaux ;
Ses grains dorés, vers la fenêtre,
Attiraient les petits oiseaux.

Ma mère, étendant sa main blanche,
Rapprochait les grappes de miel,
Et les enfants suçaient la branche,
Qu'ils...

 
Eux sont loin maintenant, et le logis demeure.
On dit qu’il est humide et par le temps miné :
Nul n’a compris, hélas ! qu’il se désole et pleure
Tous les êtres chéris qui l’ont abandonné.

Un lierre l’a couvert d’un manteau de verdure
Comme pour en voiler l’...

 
Le parc d’or vert et d’ombre est clos par neuf enceintes
De murs crépis, se déployant silencieux ;
Par leurs fentes, on voit frissonner l’hyacinthe ;
Des cimes d’arbres se balancent dans les cieux !

Sur les gazons, on...

 
À M. Paul Didot.

Où sont les habitants de la maison déserte ?...
Voilà quinze ans déjà qu’au tomber de la nuit,
La famille à la hâte a disparu sans bruit...
On n’a pas vu depuis une fenêtre ouverte.

Où sont-ils, les heureux d’autrefois ?... où sont-...

 
La maison du matin rit au bord de la mer,
La maison blanche, au toit de tuiles rose clair.
Derrière un pâle écran de frêle mousseline,
Le soleil luit, voilé comme une perle fine ;
Et du haut des rochers redoutés du marin,
Tout l’espace frissonne au vent...

 
        I. Sur le Mode majeur

    Toi qui m’as oubliée aujourd’hui, qui fus mienne
    Cependant, viens dans la maison aérienne
    Du songe et du passé.

    Il y demeure un soir doux au regard lassé.
    Les chambres aux plafonds creusés comme les...

 
Inoubliable est la demeure
Qui vit fleurir nos premiers jours !
Maison des mères ! C’est toujours
La plus aimée et la meilleure.

Ici c’est le papier fleuri
Dont, les jours de fièvre moroses,
Nous comptions les guirlandes roses
D’un long regard...

La maison serait pleine de roses et de guêpes.
On y entendrait, l’après-midi, sonner les vêpres ;
et les raisins couleurs de pierre transparente
sembleraient dormir au soleil sous l’ombre lente.
Comme je t’y aimerais. Je te donne tout mon cœur
qui a vingt-quatre ans...