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    À Agénor Brady.

    Roulant dans la nuit solitaire,
    Les astres dirent à la terre :
    « Où vas-tu, monde audacieux ?
    Comme un point perdu dans l’espace,
    Ton orbe étroit tremble et s’efface,
    Mais toujours on connaît ta place,
    Au bruit que tu fais dans les cieux !

    « Ô terre dont le flanc tressaille,
    Quel enfantement te travaille ?...

  • A Mme de P***.
    Il est pour la pensée une heure... une heure sainte,
    Alors que, s'enfuyant de la céleste enceinte,
    De l'absence du jour pour consoler les cieux,
    Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.
    On voit à l'horizon sa lueur incertaine,
    Comme les bords flottants d'une robe qui traîne,
    Balayer lentement le firmament obscur,
    Où les astres ternis...

  • ... A l'heure où sur la mer le soir silencieux
    Efface les lointaines voiles,
    Où, lente, se déploie, en marche dans les cieux,
    L'armée immense des étoiles,

    Ne songes-tu jamais que ce clair firmament,
    Comme la mer a ses désastres ?
    Que, vaisseaux envahis par l'ombre, à tout moment
    Naufragent et meurent des astres ? [...]

  • Il pleuvait. Les tristes étoiles
    Semblaient pleurer d'ennui.
    Comme une épée, à la minuit,
    Tu sautas hors des toiles.

    - Minuit ! Trouverai-je une auto,
    Par ce temps ? Et le pire,
    C'est mon mari. Que va-t-il dire,
    Lui qui rentre si tôt ?

    - Et s'il vous voyait sans chemise,
    Vous, toute sa moitié ?
    - Ne jouez donc pas la pitié.
    -...

  • Tombez, ô perles dénouées,
    Pâles étoiles, dans la mer.
    Un brouillard de roses nuées
    Émerge de l'horizon clair ;
    À l'Orient plein d'étincelles
    Le vent joyeux bat de ses ailes
    L'onde que brode un vif éclair.
    Tombez, ô perles immortelles,
    Pâles étoiles, dans la mer.

    Plongez sous les écumes fraîches
    De l'Océan mystérieux.
    La lumière...

  • Un soir d'été, dans l'air harmonieux et doux,
    Dorait les épaisses ramures ;
    Et vous alliez, les doigts rougis du sang des mûres,
    Le long des frênes et des houx.

    O rêveurs innocents, fiers de vos premiers songes,
    Coeurs d'or rendant le même son,
    Vous écoutiez en vous la divine chanson
    Que la vie emplit de mensonges.

    Ravis, la joue en fleur, l'...

  • Étoiles, qui d'en haut voyez valser les mondes,
    Faites pleuvoir sur moi, de vos paupières blondes,
    Vos pleurs de diamant ;
    Lune, lis de la nuit, fleur du divin parterre,
    Verse-moi tes rayons, ô blanche solitaire,
    Du fond du firmament !

    Oeil ouvert sans repos au milieu de l'espace,
    Perce, soleil puissant, ce nuage qui passe !
    Que je te voie...

  • L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles ;
    Ce que la nuit recèle ou montre entre ses voiles,
    Se mêle à la ferveur de notre être exalté.
    Ceux qui vivent d'amour vivent d'éternité.

    Il n'importe que leur raison adhère ou raille
    Et leur tende, debout, sur ses hautes murailles,
    Au long des quais et des havres ses flambeaux clairs ;
    Eux, sont...