• Es-tu d'Europe ? es-tu d'Asie ?
    Es-tu songe ? es-tu poésie ?
    Es-tu nature, ou fantaisie,
    Ou fantôme, ou réalité ?
    Dans tes yeux l'Inde se décèle,
    Sur tes cheveux le Nord ruisselle ;
    Tout climat a son étincelle
    Dans le disque de ta beauté !

    Sœur des Psychés, ou fille d'Eve !
    Quand ma jeunesse avait sa sève,
    C'était sous ces traits que...

  •  
    Tu ne dors pas, souffle de vie,
    Puisque l'univers vit toujours !
    Sa sainte haleine vivifie
    Les premiers et les derniers jours.
    C'est toi qui répondis au Verbe qui te nomme,
    Quand le chaos muet tressaillit comme un homme
    Que d'une voix puissante on éveille en sursaut ;
    C'est toi qui t'agitas dans l'inerte matière,
    ...

  •  
    Saint-Point, près Mâcon, 9 février 1824.

    Grâce aux vers enchanteurs que tout Paris répète,
    Ton nom a retenti jusque dans ma retraite ;
    Et le soir, pour charmer les ennuis des hivers,
    Autour de mon foyer nous relisons ces vers
    Où brille en se jouant ta muse familière,
    Qu’eût enviés Térence, et qu’eût signés Molière.
    Comment peux...

  • Souvent sur les mers où se joue
    La tempête aux ailes de feu,
    Je voyais passer sur ma proue
    Le haut mât que le vent secoue,
    Et pour qui la vague est un jeu !

    Ses voiles ouvertes et pleines
    Aspiraient le souffle des flots,
    Et ses vigoureuses antennes
    Balançaient sur les vertes plaines
    Ses ponts chargés de matelots.

    La lame en vain...

  •  

    Le jour où cet époux, comme un vendangeur ivre,
    Dans son humble maison t'entraîna par la main,
    Je m'assis à la table où Dieu vous menait vivre,
    Et le vin de l'ivresse arrosa notre pain.

    La nature servait cette amoureuse agape ;
    Tout était miel et lait, fleurs, feuillages et fruits,
    Et l'anneau nuptial s'échangeait sur la nappe,
    Premier...

  •  
    Doux pasteur du troupeau des âmes,
    Qui conduis aux sources de Dieu
    Ces petits enfants et ces femmes
    Penchés aux coupes du saint lieu ;

    Semeur des célestes paroles,
    Qui sèmes la gerbe du Christ,
    Ce sénevé des paraboles,
    Dont le grain lève dans l'esprit ;

    Médecin d'intime souffrance,
    Qui les retourne et les endort...

  •  
    Sur ton front, Laurence,
    Laisse-moi poser
    De l'indifférence
    Le chaste baiser.
    Si je le prolonge,
    Oh ! ne rougis pas !
    On s'attache au songe
    Qui fuit de nos bras.

    Ma lèvre dérange,
    Sur tes blonds cheveux,
    Le bouquet d'orange
    Embaumé de vœux ;
    Ta main est promise,
    Et l'autel est prêt :...

  •  
    Un baiser sur mon front ! un baiser, même en rêve !
    Mais de mon front pensif le frais baiser s'enfuit ;
    Mais de mes jours taris l'été n'a plus de sève ;
    Mais l'Aurore jamais n'embrassera la Nuit.

    Elle rêvait sans doute aussi que son haleine
    Me rendait les climats de mes jeunes saisons,
    Que la neige fondait sur une tête humaine,...

  • Esprit de l'homme, un jour sur ces cimes glacées,
    Loin d'un monde odieux, quel souffle t'emporta ?
    Tu fus jusqu'au sommet chassé par tes pensées ;
    Quel charme ou quelle horreur à la fin t'arrêta ?

    Ce furent ces forêts, ces ténèbres, cette onde,
    Et ces arbres sans date, et ces rocs immortels,
    Et cet instinct sacré qui cherche un nouveau monde
    Loin des...

  •  
    Adieu! mot qu'une larme humecte sur la lèvre ;
    Mot qui finit la joie et qui tranche l'amour ;
    Mot par qui le départ de délices nous sèvre ;
    Mot que l'éternité doit effacer un jour!

    Adieu!.... Je t'ai souvent prononcé dans ma vie,
    Sans comprendre, en quittant les êtres que j'aimais,
    Ce que tu contenais de tristesse et de...