• Dans la chambre encore fatale
    De l’encor fatale maison
    Où la raison et la morale
    Se tiennent plus que de raison,

    Il semble attendre la venue
    À quoi, misère, il ne croit pas
    De quelque présence connue
    Et murmure entre haut et bas :

    « Ta voix claironne dans mon âme
    Et tes yeux flambent dans mon cœur.
    Le Monde dit que c’est infâme...

  •  
    Il est tard ; l’astronome aux veilles obstinées,
    Sur sa tour, dans le ciel où meurt le dernier bruit,
    Cherche des îles d’or, et, le front dans la nuit,
    Regarde à l’infini blanchir des matinées ;

    Les mondes fuient pareils à des graines vannées ;
    L’épais fourmillement des nébuleuses luit ;
    Mais, attentif à l’astre échevelé qu’il suit,
    Il le...

  •  
    Oh ! l’insipidité des rendez-vous maussades
    Qu’on se donne, en hiver, dans un faubourg lointain,
    Aux fins d’après-midi, lorsque entre les façades
    De rares coins de ciel sont couleur de l’étain.

    La femme qu’on attend dans la boue et la pluie,
    On sent bien que pour elle on a guère d’amour
    Et qu’elle est tout au plus dans l’âme qui s’ennuie
    La...

  •  
    Tu m’avais dit : Au soir fidèle
    Quand reparaît le bûcheron ;
    Quand, penché sur son escabelle,
    Au sein de sa famille en rond,
    Il partage dans sa misère,
    Triste gain de sa peine amère,
    Un peu de’ pain à ses enfants,
    Qu’au loin l’ambition n’entraîne,
    Et dont nul proscrit par la haine,
    Ne manque à ses embrassements.

    Tu m’avais...

  •  

    À J. Keck.

    Ma belle amie est morte,
    Et voilà qu’on la porte
    En terre, ce matin,
    En souliers de satin.

    Elle dort toute blanche,
    En robe de dimanche,
    Dans son cercueil ouvert
    Malgré le vent d’hiver.

    Creuse, fossoyeur, creuse
    À ma belle amoureuse
    Un tombeau bien profond,
    Avec ma place au fond....

  • Il m’attend : je ne sais quelle mélancolie
    Au trouble de l’amour se mêle en cet instant :
    Mon cœur s’est arrêté sous ma main affaiblie ;
    L’heure sonne au hameau ; je l’écoute... et pourtant,
                    Il m’attend.

    Il m’attend : d’où vient donc que dans ma chevelure
    Je ne puis enlacer les fleurs qu’il aime tant ?
    J’ai commencé deux fois sans...

  •  
    Bâti par des mains inconnues,
    Un féerique palais, longtemps,
    Ouvre au vent frais des avenues
    Ses fenêtres à deux battants.

    À chaque porte, en grand costume,
    Sonnant du cor sur l'escalier,
    Un page, selon la coutume,
    Vante le seuil hospitalier.

    Le suzerain de ce domaine,
    Dans les salles de son palais,
    En riche apparat se...

  •  
    Dans ce nid furtif où nous sommes,
    Ô ma chère âme, seuls tous deux,
    Qu’il est bon d’oublier les hommes,
    Si près d’eux !

    Pour ralentir l’heure fuyante,
    Pour la goûter, il ne faut pas
    Une félicité bruyante ;
    Parlons bas.

    Craignons de la hâter d’un geste,
    D’un mot, d’un souffle seulement,
    D’en perdre, tant elle est céleste,...

  • Dans ce nid furtif où nous sommes,
    Ô ma chère âme, seuls tous deux,
    Qu'il est bon d'oublier les hommes,
    Si près d'eux !

    Pour ralentir l'heure fuyante,
    Pour la goûter, il ne faut pas
    Une félicité bruyante ;
    Parlons bas.

    Craignons de la hâter d'un geste,
    D'un mot, d'un souffle seulement,
    D'en perdre, tant elle est céleste,
    Un...

  • Emprunte aux oiseaux leur auberge
    Au feuillage d'ardoise tendre !
    Loin des fatigues, ma cycliste,
    Qui t'épanouis sur nos berges,
    Future fleur comme Narcisse,

    Tu sembles toi-même t'attendre !
    Mais pour que nul gêneur ne vienne
    Je nomme la Marne gardienne,
    Ô peu chaste, de tes appâts.
    La Marne fera les cent pas.

    Si son eau...