• Paris n'a de beauté qu'en son histoire,
    Mais cette histoire est belle tellement !
    La Seine est encaissée absurdement,
    Mais son vert clair à lui seul vaut la gloire.

    Paris n'a de gaîté que son bagout,
    Mais ce bagout, encor qu'assez immonde,
    Il fait le tour des langages du monde,
    Salant un peu ce trop fade ragoût.

    Paris n'a de sagesse que...

  • Plaisirs d'un noble ami qui sait chérir ma veine,
    Mélanges gracieux de prés et de guérets,
    Rustique amphithéâtre où de sombres forêts
    S'élèvent chef sur chef pour voir couler la Seine.

    Délices de la vue, aimable et riche plaine !
    On s'en va mettre à bas les trésors de Cérès,
    Que l'on voit ondoyer comme un vaste marets
    Quand il est agité d'une...

  • Zephire a bien raison d'estre amoureux de Flore ;
    C'est le plus bel objet dont il puisse jouyr ;
    On voit à son eclat les soins s'esvanouyr,
    Comme les libertez devant l'oeil que j'adore.

    Qui ne seroit ravy d'entendre sous l'aurore
    Les miracles volans qu'au bois je viens d'ouyr !
    J'en sens avec les fleurs mon coeur s'espanouyr,
    Et mon luth negligé...

  • Rien n'égale Paris ; on le blâme, on le louë ;
    L'un y suit son plaisir, l'autre son interest ;
    Mal ou bien, tout s'y fait, vaste grand comme il est
    On y vole, on y tuë, on y pend, on y rouë.

    On s'y montre, on s'y cache, on y plaide, on y jouë ;
    On y rit, on y pleure, on y meurt, on y naist :
    Dans sa diversité tout amuse, tout plaist,
    Jusques à son...

  • 0 ma si fragile compagne,
    Puisque nous souffrons à Paris,
    Envolons-nous dans la campagne
    Au milieu des gazons fleuris.

    Loin, bien loin des foules humaines,
    Où grouillent tant de c?urs bourbeux,
    Allons passer quelques semaines
    Chez les peupliers et les boeufs.

    Fuyons les viles courtisanes
    Aux flancs de marbre, aux doigts crochus,...

  • Ô ville, tu feras agenouiller l'histoire.
    Saigner est ta beauté, mourir est ta victoire.
    Mais non, tu ne meurs pas. Ton sang coule, mais ceux
    Qui voyaient César rire en tes bras paresseux,
    S'étonnent : tu franchis la flamme expiatoire,
    Dans l'admiration des peuples, dans la gloire,
    Tu retrouves, Paris, bien plus que tu ne perds.
    Ceux qui t'assiègent,...

  • à la nuit tombante


    L'Occident était blanc, l'Orient était noir ;
    Comme si quelque bras sorti des ossuaires
    Dressait un catafalque aux colonnes du soir,
    Et sur le firmament déployait deux suaires.

    Et la nuit se fermait ainsi qu'une prison.
    L'oiseau mêlait sa plainte au frisson de la plante.
    J'allais. Quand je levai mes yeux vers l'...

  • Midi chauffe et sème la mousse ;
    Les champs sont pleins de tambourins ;
    On voit dans une lueur douce
    Des groupes vagues et sereins.

    Là-bas, à l'horizon, poudroie
    Le vieux donjon de saint Louis ;
    Le soleil dans toute sa joie
    Accable les champs éblouis.

    L'air brûlant fait, sous ses haleines
    Sans murmures et sans échos,
    Luire...

  • (extrait)

    ... J'accuse la Misère, et je traîne à la barre
    Cet aveugle, ce sourd, ce bandit, ce barbare,
    Le Passé ; je dénonce, ô royauté, chaos,
    Tes vieilles lois d'où sont sortis les vieux fléaux !
    Elles pèsent sur nous, dans le siècle où nous sommes,
    Du poids de l'ignorance effrayante des hommes ;
    Elles nous changent tous en frères ennemis ;...

  • Sur cette place je m'ennuie,
    Obélisque dépareillé ;
    Neige, givre, bruine et pluie
    Glacent mon flanc déjà rouillé ;

    Et ma vieille aiguille, rougie
    Aux fournaises d'un ciel de feu,
    Prend des pâleurs de nostalgie
    Dans cet air qui n'est jamais bleu.

    Devant les colosses moroses
    Et les pylônes de Luxor,
    Près de mon frère aux...