• La nuit tiède est clémente à la ville qui dort ;
    Des lys impérieux triomphent dans la chambre
    Et cependant nos coeurs sont froids comme Décembre
    Et nos baisers d'amour amers comme la mort.

    Ta douce bouche s'ouvre à des chansons mièvres
    Et tes seins bienveillants accueillent mon front las ;
    Mais, ô ma douloureuse enfant, je ne sais pas
    Pourquoi les...

  • Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs,
    Ces lettres qui font mon supplice,
    Ce portrait qui fut ton complice ;
    Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs.

    Je te rends ce trésor funeste,
    Ce froid témoin de mon affreux ennui.
    Ton souvenir brûlant, que je déteste,
    Sera bientôt froid comme lui.

    Oh ! Reprends tout. Si ma main...

  • Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes,
    Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes.
    Inquiets des lueurs qui brûlent dans les airs,
    Tous les regards errants sont pleins de tes éclairs...

    C'est lui ! Sauve qui peut ! Voici venir les larmes !...
    Ce n'est pas tout d'aimer, l'amour porte des armes.
    C'est le roi, c'est le maître, et, pour le désarmer...

  • Vous demandez si l'amour rend heureuse ;
    Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
    Ah ! pour un jour d'existence amoureuse,
    Qui ne mourrait ? la vie est dans l'amour.

    Quand je vivais tendre et craintive amante,
    Avec ses feux je peignais ses douleurs :
    Sur son portrait j'ai versé tant de pleurs,
    Que cette image en paraît moins charmante.

    Si le...

  • Vous souvient-il de cette jeune amie,
    Au regard tendre, au maintien sage et doux ?
    À peine, hélas ! Au printemps de sa vie,
    Son coeur sentit qu'il était fait pour vous.

    Point de serment, point de vaine promesse :
    Si jeune encore, on ne les connaît pas ;
    Son âme pure aimait avec ivresse
    Et se livrait sans honte et sans combats.

    Elle a perdu...

  • Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire,
    Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ?
    Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire,
    Et du soleil d'avril ces rayons caressants ?

    Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ;
    De biens évanouis tu parles à mon coeur ;
    Et d'un bonheur prochain ta riante promesse
    M'apporte...

  • Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour
    Et la blessure est encore vibrante,
    Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour.

    Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé
    Et la brûlure est encor là qui tonne,
    Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé.

    Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil
    Et votre gloire en moi s'est installée,
    Ô mon Dieu, j'ai connu que...

  • L'amour de la Patrie est le premier amour
    Et le dernier amour après l'amour de Dieu.
    C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour
    Où notre regard luit comme un céleste feu ;

    C'est le jour baptismal aux paupières divines
    De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles
    Frais écloses, c'est l'air emplissant les poitrines
    En fleur, l'air...

  • Le vent de l'autre nuit a jeté bas l'Amour
    Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc,
    Souriait en bandant malignement son arc,
    Et dont l'aspect nous fit tant songer tout un jour !

    Le vent de l'autre nuit l'a jeté bas ! Le marbre
    Au souffle du matin tournoie, épars. C'est triste
    De voir le piédestal, où le nom de l'artiste
    Se lit péniblement parmi l'...

  • (A M. Louis de Ronchaud)

    I

    Regardez-les passer, ces couples éphémères !
    Dans les bras l'un de l'autre enlacés un moment,
    Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
    Font le même serment :

    Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent
    Avec étonnement entendent prononcer,
    Et qu'osent répéter des...