Dans l’île Saint-Louis, le long d’un quai désert,
L’autre soir je passais ; le ciel était couvert,
Et l’horizon brumeux eût paru noir d’orages,
Sans la fraîcheur du vent qui chassait les nuages ;
Le soleil se couchait sous de sombres rideaux ;
La rivière coulait verte entre les radeaux ;
Aux balcons çà et là quelque figure blanche
Respirait...
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Oh ! que la vie est longue aux longs jours de l’été,
Et que le temps y pèse à mon cœur attristé !
Lorsque midi surtout a versé sa lumière,
Que ce n’est que chaleur et soleil et poussière ;
Quand il n’est plus matin et que j’attends le soir,
Vers trois heures, souvent, j’aime à vous aller voir ;
Et là vous trouvant seule, ô mère et chaste épouse... -
Voici quatre-vingts ans, — plus ou moins, — qu’un curé,
On plutôt un vicaire, au comté de Surrey
Vivait, chétif et pauvre, et père de famille ;
C’était un de ces cœurs dont l’excellence brille
Sur le front, dans les yeux, dans le geste et la voix ;
Gibbon nous dit qu’il l’eut pour maître dix-huit mois,
Et qu’il garda toujours souvenir du digne homme.... -
Dans ce cabriolet de place j’examine
L’homme qui me conduit, qui n’est plus que machine,
Hideux, à barbe épaisse, à longs cheveux collés :
Vice et vin et sommeil chargent ses yeux soûlés.
Comment l’homme peut-il ainsi tomber ? pensais-je,
Et je me reculais à l’autre coin du siége.
— Mais Toi, qui vois si bien le mal à son dehors,
La crapule... -
Quand, de la jeune amante, en son linceul couchée,
Accompagnant le corps, deux Amis d’autrefois,
Qui ne nous voyons plus qu’à de mornes convois,
À cet âge où déjà toute larme est séchée ;Quand, l’office entendu, tous deux silencieux,
Suivant du corbillard la lenteur qui nous traîne,
Nous pûmes, dans le fiacre où six tenaient à peine,
L’un devant l’... -
Ô pensive Sara, quand ton beau front qui penche,
Léger comme l’oiseau qui s’attache à la branche,
Repose sur mon bras, et que je tiens ta main,
Il m’est doux, sur le banc tapissé de jasmin,
À travers les rosiers, derrière la chaumière,
De suivre dans le ciel les reflets de lumière,
Et tandis que pâlit la pourpre du couchant,
Que les nuages d’or... -
Assis sur le versant des coteaux modérés
D’où l’œil domine l’Oise et s’étend sur les prés ;
Avant le soir, après la chaleur trop brûlante,
À cette heure d’été déjà plus tiède et lente ;
Au doux chant, mais déjà moins nombreux, des oiseaux ;
En bas voyant glisser si paisibles les eaux,
Et la plaine brillante avec des places d’ombres,
Et les seuls... -
Ce qui m’excite à t’aimer, ô mon Dieu,
Ce n’est pas l’heureux ciel que mon espoir devance,
Ce qui m’excite à t’épargner l’offense,
Ce n’est pas l’enfer sombre et l’horreur de son feu !C’est toi, mon Dieu, toi par ton libre vœu
Cloué sur cette croix où t’atteint l’insolence ;
C’est ton saint corps sous l’épine et la lance,...